Collection Polynie

Les éditions MeMo se lancent dans le roman : après Petite Polynie pour les plus jeunes (dont j'ai particulièrement apprécié ces deux titres), voici pour les plus grands (9-10 ans), la collection Polynie dont j'ai lu deux titres, très différents, mais qui m'ont tout aussi enthousiasmée !

C'est une marche forcée pour Tiago et sa famille, celle de l'exil quand les Déracineurs ont tout avalé de leur ferme et que le seul espoir est de partir contraint. Mais un compagnon est là avec eux : Monsieur B., un baoyé qu'ils emportent comme le dernier vestige d'un temps perdu à jamais. Cet arbre porte des kourés bien appétissantes, dont il est difficile de ne pas résister durant cette longue marche épuisante sur ce sable rouge, l'alternance des jours et des nuits sans fin. Mais au bout de ce chemin quasi-initiatique, y aura-t-il un espoir ?

Ce texte signé Sigrid Baffert, aux accents contemporains évidents, a su rester malgré tout dans la poésie grâce au regard de cette famille, mûe par une infaillible envie de vivre.
Tout de métaphores, renforcé par l'éclat somptueux et parfois tout aussi symboliques des illustrations aux couleurs chaudes d'Adrienne et Léonore Sabrier, cette histoire vous balance dans son rythme, vous hypnotise presque, vous rend sensible au fil ténu de cette famille qui s'accroche à la vie dans la faim, la soif, la marche interminable. Racontée par Tiago, le plus jeune, sa portée n'en est que plus forte.
C'est beau, initiatique, presque biblique, et envoûtant.


Un régal que de re-découvrir (je dirais même de découvrir) l'histoire de Robinson et de Vendredi sous la plume si alerte et ingénieuse de Gilles Barraqué !

Ce recueil de nouvelles, abordant sous différentes facettes et un humour mordant, la vie sur cette île déserte (?) mais que non ! Il y vit deux énergumènes absolument fantastiques, dans le jeu en permanence, l'auto-dérision et une complaisance assumée de leur vie (par rapport à celle de leurs visiteurs : pirates de tous poils, cannibales, navires en tous genres,...). Cette lecture est jubilatoire tant le rythme de la narration, les trouvailles gustatives et ludiques, les agacements et les compromis des deux îliens (comme un vieux couple qu'ils ne sont pas), la tendresse et l'amitié qui les lient vous sautent à la figure avec l'envie de les rejoindre sur le champ. Et puis non, ce serait briser ce savant équilibre, c'est tellement mieux de les regarder  vivre !
Les illustrations en noir et blanc d'Hélène Rajcak sont parfaites de fantasmagorie et de réalisme mêlés.
Si cela vous intéresse, un jeu a précédé la composition de ce roman qui célèbre lui-même le jeu en permanence (Grand concours Vendredi). Je ne m'y suis pas frottée tant j'ai été absorbée par cette lecture qui m'a procuré un plaisir immense !

Il me reste à découvrir les titres Grande polynie...

la marche du baoyé
sigrid baffert
illustrations d'adrienne et léonore sabrier

vendredi ou les autres jours
gilles barraqué
illustrations d'hélène rajcak

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