Articles

Affichage des articles du mars, 2021

Angie !

Image
Ecrit à deux voix durant le premier confinement, ce roman a permis à Marie-Aude Murail de : 1. Permettre à son frère Lorris de renouer avec son désir d'écrire, 2. Permettre à elle-même de renouer avec le genre du policier. Franchement ? J'ai adoré, moi qui ne suis pas adepte du genre ! On ne s'ennuie pas une seconde ! Située dans leur ville natale du Havre, l'intrigue mêle trafic de drogue, magnat du café, secrets de famille surgissant du passé, crime et disparition ainsi que des personnages hauts en couleurs. Le policier Augustin Maupetit toujours en compagnie de son chien renifleur Capitaine et sa cheffe Alice Verne, Thérèse la tante médium d'Augustin (qui m'a fait bien rire !) mais surtout des voisines de palier, Angie 12 ans et son infirmière de maman,  qui vont se révéler très perspicaces pour aider cette fine équipe. Et ça aide quand on est cloué dans un fauteuil roulant à cause d'un accident de moto dû à une filature pas vraiment autorisée... Y aurai

Magda : la souris minuscule

Image
Le titre dit bien ce qui est : Magda est une souris minuscule. Minuscule car bébé souris. Et elle voudrait bien que ça aille plus vite ! Pourquoi grandir, c'est aussi long ? Elle essaie sur la pointe des pattes, en tapotant aussi sur le plancher, mais rien n'y fait ? Oh ! Un tout petit peu....Et pourquoi toujours dormir ? ça en fait des questions pour une si minuscule souris. Heureusement que maman souris est là pour la réconforter et lui dire que grandir, ça prend du temps et en même temps, du temps, elle voudrait qu'il en reste longtemps cette maman : un bébé, ça grandit toujours trop vite ! Une douceur et une tendresse palpables enveloppent cet album coloré de rose fluo : aussi bien dans le texte de Karen Hottois que dans les illustrations d' Anaïs Massini . Magda, tout de rose bien flashy vêtue, crève la page de son questionnement tout enfantin, que tout parent, quel qu'il soit, a du forcément entendre un jour. C'est un album vraiment réussi dans cette rela

D'or et d'oreillers

Image
Il n'y a pas à dire mais Flore Vesco excelle dans l'art de ré-écrire les contes ! D'or et d'oreillers fait allusion à la princesse au petit pois mais pas que. Entre les lignes, d'autres contes surgissent sous des allusions dissimulées, et cela devient un jeu de les découvrir. Dans cette histoire située dans un village anglais, il est question de filles à marier, d'un jeune, beau et riche parti du nom de Lord Handerson dans son Blenkishop Castle, d'une femme de chambre au caractère bien trempé du nom de Sadima, d'un majordome énigmatique, et d'épreuves sorties tout droit de la tête de ce lord, notamment celle de dormir dans un lit haut perché constitué d'une dizaine de matelas.  Choisir une femme pour se marier, en voilà une drôle d'idée à laquelle le jeune lord a opté de donner un angle quelque peu choquant pour l'époque. Cependant, les prétendantes n'étant pas à la hauteur de la première épreuve, c'est Sadima qui la réussit, av

Le poisson qui me souriait

Image
Retrouver l'univers de Jimmy Liao est toujours un plaisir ! Et je suis ravie de présenter son dernier album sorti, juste la semaine où il est lauréat du Prix Sorcières Carrément beau maxi pour Nuit étoilée chez le même éditeur HongFei Cultures. Le poisson qui me souriait est un petit bijou d'empathie, publié il y a 20 ans, et qui n'a pas pris une ride : au contraire, il parle à notre époque mieux que jamais. Un homme rencontre un poisson qui lui sourit. Tout le temps. Vient l'envie de le ramener chez lui. La vie dans son quotidien coule paisiblement avec ce poisson souriant. Tout le temps. Mais un rêve plus tard les emmène tous les deux dans l'océan où ils évoluent dans la félicité la plus absolue jusqu’au choc avec les parois d'un bocal enfermant. Au réveil, la décision est prise de libérer ce poisson dans son environnement. "Sa vraie maison". Un dernier baiser à son poisson, pour une vie bien plus en accord avec ses véritables envies.   Tout est pa

Vive La Fontaine !

Image
2021 célèbre le 400ème anniversaire de la naissance de Jean de La Fontaine et comme c'est actuellement Le Printemps des poètes, voici un album documentaire tout nouveau tout beau ! 60 pages qui reviennent sur la vie de l'auteur et ses écrits, dont les fameuses Fables. Le tout dans une présentation qui décoiffe ! Hyper-dynamique, coloré, bien documenté, contextualisé, ludique (sympas les quiz, tests, jeux et autres activités !), avec des anecdotes qui rendent le tout très vivant, riche graphiquement car une part belle est donnée à l’illustration d'archives, franchement, je le trouve fort réussi et très instructif ! On apprend une foule de choses sans que cela soit indigeste. Jean de La Fontaine ne parait plus aussi lointain mais très moderne. On découvre l'homme derrière l'auteur et vice-versa, le tout remis dans son époque. J'aime particulièrement la façon dont est construit le sommaire avec des entrées de chapitres pétillantes et originales. La mise en page, i

Prix Sorcières 2021

Image
    Catégorie Carrément beau mini JUSTE UN FRAISIER d’Amandine Laprun, Actes sud junior   Catégorie Carrément beau maxi   NUIT ÉTOILÉE de Jimmy Liao, HongFei cultures     Catégorie Carrément passionnant mini   QUAND LES ESCARGOTS VONT AU CIEL de Delphine Vallette et Pierre-Emmanuel Lyet,  Seuil jeunesse Carrément passionnant maxi   ALMA, LE VENT SE LÈVE de Timothée de Fombelle, Gallimard jeunesse Catégorie Carrément Sorcières fiction   MIGRANTS d’Issa Watanabe, La Joie de lire   Catégorie Carrément Sorcières non fiction   LA FABULEUSE HISTOIRE DE LA TERRE d’Aina Bestard, Saltimbanque éditions   ******

Femmes inspirantes #3 : Christine de Pizan la clairvoyante

Image
Voici le destin de Christine de Pizan,  dont le moins qu'on puisse dire, est qu'elle est une éclaireuse à bien des points de vue : une jeune femme , mariée à 15 ans, veuve quelques années plus tard, et qui n'a pas voulu de seconde noce. Ce qui à l'époque ne se faisait pas. Elle s'est alors vouée à  l'écriture et a été reconnue comme écrivaine à part entière, fait rare. Femme engagée, elle n'a pas hésité à prendre sa plume pour dénoncer la misogynie de l'époque. Femme de conviction, elle a exhorté les femmes à sortir de l'ombre et à être reconnues comme indispensables au pays. En tant qu'autrice, elle a indubitablement tracé la voix de beaucoup d'autres femmes à sa suite. C'est cette vie exemplaire que retrace ce livre entre album et documentaire : il se lit comme une histoire inspirante et "clairvoyante", à l'image de son héroïne. J'ai beaucoup appris en lisant ces lignes, qui mettent en perspective ce destin incroyable

Filles inspirantes #2 : Izzie Nobody

Image
Du fait de ses bons résultats scolaires, Izzie va entrer en seconde dans un lycée réputé. Venant des quartiers populaires, son arrivée va immédiatement la faire passer au statut de "Nobody". Pas vraiment une hostilité entre les élèves mais une belle indifférence. Blessante.  Le découvrir va être pour elle une claque : même si elle s'y attendait. Elle s'y conforme un temps mais décide de prendre sa place, celle d'une adolescente sensible et déterminée. Coincée entre une maman concierge envahissante, et un secret familial lourd à porter, elle va pourtant rencontrer Gustave, un autre Nobody. Elle va peu à peu en découvrir les raisons. Une relation houleuse au départ, faite d'incompréhensions, mais qui va s'embellir. Deux personnages chers à chacun vont jouer un rôle essentiel dans le lien qui les unit. Anne Loyer sait y faire avec les destins cabossés de la vie quotidienne : elle a su dans ce roman montrer le jeu des apparences et que rien n'est jamais a

Filles inspirantes #1 : Filles uniques

Image
Cette semaine sera consacrée sur le blog aux DROITS des FEMMES et en plus, à travers les livres d'une formidable ambassadrice : Anne LOYER ! Trois de ses derniers livres-deux romans et un album- abordent en effet ces droits à travers le destin de deux jeunes filles d'aujourd'hui et d'une femme du passé. Partons en Chine faire la connaissance de Xinxin, lycéenne de 15 ans, fille unique. Comme beaucoup de jeunes en Chine, la pression est forte sur ses épaules : elle n'échappe pas à la course de l'excellence. Tout son monde vacille quand sa meilleure amie lui annonce avec dégoût qu'elle va devenir grande sœur. Elle ne saisit pas l'émotion qui l'assaille et s'insinue vite en elle. Une rencontre fortuite avec un jeune homme va lui ouvrir les yeux sur une autre réalité : celle des enfants nés sans identité car nés au-delà du quota autorisé par la politique de l'enfant unique. Ces deux évènements, qu'elle va lier, vont interroger le manque qu&#

Je connais peu de mots

Image
Un leporello qui s'ouvre vers le haut et dont le début et la fin servent de début et de fin, comme une boucle.  Quelle beauté dans cet objet qui tient dans une poche ! Minimaliste à première vue tant dans les mots que le dessin : du bleu et du blanc mais un tel symbolisme dans ce qui est donné à voir et à lire ! "Je connais peu de mots" aborde la difficulté de s'approprier une langue tant dans son vocabulaire et sa grammaire mais pas seulement : une langue peut sembler hermétique, au point de s'y noyer. La première partie évoque en tous cas cette difficulté de s'y retrouver dans ses arcanes. L'autre côté du récit est plus positif puisque peu à peu la confiance en soi prend le dessus avec cette satisfaction d'arriver à s'exprimer malgré tout, dans une initiation permanente. Le tout donne vraiment un questionnement subtil par rapport à la langue et à son apprentissage. Une langue peut sembler étrange (on dit bien langue étrangère), indomptable mais

Adieu, Tante Aimée

Image
J'avais déjà été enchantée par Les voisins mode d'emploi et j'attendais avec impatience le suivant. C'est très agréable pour un adulte de lire des romans jeunesse d'une telle fraicheur ! Adieu, Tante Aimée n'y déroge pas : toujours ce ton pince sans rire et cette faculté à entrer dans la tête d'un enfant qui va vivre son premier enterrement. Oui, il y a une première fois à tout ! "Aujourd’hui, ma tante est morte. Ma grand-tante, plus exactement. Elle s’appelait Aimée, mais en vrai personne ne l’aimait. À part peut-être son caniche, Débile. En tout cas, ce n’est pas triste. Déjà, je vais pouvoir le raconter à l’école. En plus, je vais avoir un chien, même s’il s’appelle Débile et qu’il n’est pas très malin. Et puis surtout, je vais assister à mon premier enterrement. Et je ferai tout pour qu’il soit inoubliable." Résumé de l'éditeur. Raconté à la première personne, le lecteur est comme mis devant le fait accompli (c'est le cas de le