Articles

Les printemps 🌼

Image
Il est des albums qui vous happent d’emblée et ceux d’Adrien Parlange sont de ceux-là. Je les ouvre toujours avec un respect qui frôle l’adoration tant son approche est totalement singulière dans la littérature jeunesse contemporaine. Les printemps, ce sont ces moments de vie qui jalonnent une existence de la naissance à la vieillesse. Ces moments d’émerveillements, de rencontres, d’échecs, de stupeurs, de joies, de transmission, d’amour, d’amitié, et le tout forme un kaléidoscope intime et universel de souvenirs propres au garçon dans l’album, mais dans lequel chacun peut se voir en miroir. Dans des couleurs pastels, la page de gauche donne à voir l’illustration alors que la page de droite égrène les âges. Mais le plus, ce sont ces découpes qui se superposent au fil des pages et qui éclairent les souvenirs comme autant de fenêtres ou de permanences. En cela, on dirait une immersion complète dans la mémoire, ses émotions et ses ressentis. Un point de bascule arrive à un

Ramène pas ta fraise ! 🍓/Arnaques, dragues et botanique 🌱

Image
Le printemps arrive ! Et avec lui, les envies de jardiner.  Voici deux livres épatants !  Le jardin vit toute l’année au fil des saisons qui passent et des expressions et des dictons lui sont souvent attribués. Cet album en fait le tour avec humour et impertinence : certains dictons sont très connus, d’autres moins. Ils sont ici remis au goût du jour et leur date est rappelée s’il s’agit d’un saint patron. Le plus ? Ce sont les textes bourrés d’humour mais aussi de conseils avisés pour le jardin mais surtout les dessins qui sont à mourir de rire ! Pascal Aspe aux textes et Mathilde Magnan aux illustrations offrent ici un bestiaire incroyablement plaisant à lire mais aussi qui rend hommage à cette mémoire des dictons et expressions, dont l’origine n’est pas toujours fondée. Mais peu importe, la transmission a joué son rôle. Une bien belle balade au cœur des jardins et de ceux qui s’en occupent. Ramène pas ta fraise ! : expressions et dictons du jardin  Textes de Pascal Aspe 

larmes de rosée 🥬

Image
Il pourrait s’agir du petit carnet d’un jardinier dans lequel il consigne ses observations, ses plans, ses dates, ses projets et qu’il aurait toujours à portée de main dans son pardessus. En tous cas, c’est un petit bijou de poésie avec pour héroïne…la salade. Mais avant d’arriver dans nos assiettes, il lui faut tout un processus pour pousser : de la terre, du soleil, de l’eau mais surtout de la patience. Ce cheminement, c’est ce que relate ce petit carnet : avec une économie de mots et d’images qui sont pourtant comme des émerveillements. Une salade qui ne pousse pas au rythme que l’humain voudrait : une dose d’échec dans cette impatience qui rappelle combien le temps de la nature n’est pas toujours le nôtre. Quelques larmes de rosée vont permettre cette éclosion de la salade tant attendue : comme si, telle une princesse, elle prenait son temps pour se révéler dans cette parure faite de gouttes translucides. Mais c’est aussi une façon de relier le sel de ces larmes à la

Le jour où j'ai osé 😉

Image
Un collectif de 8 auteurs.trices de littérature ados est réuni dans ce recueil et explore avec brio le courage d’être soi. Ce titre m’a immédiatement interpellée ainsi que les 8 noms (1 seul que je ne connaissais pas), et en plus ce sont des nouvelles, genre que j’affectionne car il nous fait entrer en quelques pages dans des univers différents et rencontrer plein de personnages, même si j’avoue que pour certains, il est difficile de déjà les quitter. 8 nouvelles, 8 parcours de jeunes qui osent, mais qui testent aussi les limites, se mettent en danger, révèlent des secrets, pour au final désobéir et enfin devenir soi. C’est fort, cru, sans fard, dur, suggéré, mais toujours ce point à atteindre, ce point de bascule, qui fait passer de l’autre côté. Une lecture qui fait réfléchir. Qui rappelle combien l’être humain est fait de ce bois-là : aller à la rencontre de soi-même. Alors, oserez-vous ? Le jour où j’ai osé Gallimard jeunesse Scripto

Zidigli 🎶

Image
  Zidigli, ça tinte comme comme une sonnette de maison et justement il est question dans cet album de maison-carton. Une promenade onirique retour dans l’enfance : c’est une jeune fille qui nous y invite. Elle se souvient de toutes les étapes dans ce carton qui l’a vue grandir et qui lui-même s’est métamorphosé au gré de sa croissance et de ses envies de découvertes. Cette histoire, ce sont aussi des parents très occupés : une maman couturière et un papa metteur de sardines en boîte. Tiens, tiens…. On dirait bien que leurs métiers leur sert aussi à accompagner avec bienveillance leur petite fille dans son arrivée au monde. C’est un album très poétique et métaphorique : le lecteur se laisse embarquer comme dans un rêve éveillé. Le texte de Fred Éclair dévoile juste ce qu’il faut et les illustrations de Gwenaëlle Tonnelier sont d’une fraîcheur à couper le souffle. La lecture du CD par une jeune fille de 15 ans renforce la véracité du texte. On dirait qu’elle raconte sa prop

♥️Diego aime Julie ♥️

Image
La déclaration de Diego a l’effet d’une bombe au collège : il est amoureux de Julie et attend sa réponse. Tout le collège est donc suspendu à la parole de Julie. Ça bruisse tout partout de cette annonce ! En plus des regards appuyés qui en disent long. Mais Julie prend le temps de la réflexion, même si elle ne sait plus très bien où se mettre : ce n’est pas une réponse à donner à la légère ! Et puis elle se pose plein de questions : c’est quoi aimer au juste ? Quelle différence entre amitié et amour ? Comment sait-on qu’on aime quelqu’un ? Et si on ne l’aime pas comme l’autre l’entend, comment fait-on pour ne pas le blesser ? Elle prend conseil auprès de sa grande sœur Zoé, se confie à sa maman et s’entoure de ses copines. Malgré cela, elle sent bien que c’est à elle seule de décider. Alors, elle se lance mais tout ne va pas se passer comme prévu …. En tout juste 60 pages, Sophie Grenaud interroge avec extrêmement de tact et de réalisme cet entre-deux de l’amour pétri d

Sucrer les fraises🍓

Image
Deux fils narratifs s’entremêlent dans ce premier album d’ Odile Hennebert , ce qui en décuple la charge émotionnelle. Pour ma part, il me secoue à chaque lecture car il me renvoie à chacune de mes grands-mères qui ne sont plus là. Le fil des illustrations très épurées, et qui lu indépendamment du texte, montre le temps qui passe autour de la cueillette des fraises, de leur préparation en confiture, en tartes, pique-nique, lessives, et donc partage au fil du temps entre générations dans le retour immuable des saisons. Le fil du texte lui pose une autre réalité : celle de femmes et d’hommes anonymes en maison de retraite. Ce n’est pas dit comme ça. Ce sont leurs petites phrases sur leur quotidien qui mettent le lecteur sur la voie. Des toutes petites phrases mais ô combien bouleversantes : elles disent leur solitude, leur envie de réconfort humain, le refuge des souvenirs, l’envie de fuir, le poids de la vieillesse, l’infantilisation à leur égard. Tout ça. Et ça vous fiche