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Affichage des articles du avril, 2019

Bon...

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©Méli-Mélo de livres Une petite merveille de narration et de profondeur des coloris que cet album enfin réédité de Jeanne Ashbé ! Des bords arrondis, un œuf en relief sur la couverture, un rouge profond, tout invite à ouvrir ces pages... qui se colorent peu à peu de la présence d'un petit canard qui éclot de sa coquille sous les yeux de sa maman. Il part à la découverte de ce qui l'entoure et se mire dans le reflet de la mare. C'est là qu'intervient la comptine (addictive !) : "Un petit canard au bord de l'eau, il est si beau,....". J'aime absolument ces albums pour petits qui mêlent mots et comptine ! Des mots, il y en a pourtant peu mais ils sont si bien choisis que leur interaction avec l'image est telle qu'ils se complètent à merveille. La lecture de cet album procure un sentiment indéniable de gaieté, dans sa rythmique, son humour, ses couleurs. Tout se lit entre les lignes et les petits ne s'y trompent pas car il leur

L'Estrange Malaventure de Mirella

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©Méli-Mélo de livres J'ai osé lire cette histoire qui revisite le conte du joueur de flûte de Hamelin ! Et c'est bizarre parce que peu à peu, je me suis mise à penser dans une drôle de langue, celle venue tout droit du Moyen-Age que Flore Vesco manie avec panache et c'est peu dire ! Mais où va-t-elle chercher tout ça ? J'aurais bien aimé avoir l'imagination assez développée pour écrire cette chronique dans cette même langue mais las ! Je n'ai pas son talent.  Car quel talent que de transporter son lecteur  dans cette histoire à mi-chemin du roman et du conte moderne. Moderne car on y retrouve bien des aspects de notre époque...Fichtre oui ! On n'a guère avancé on dirait. Sauf sur un point et c'est la fin qui vous le dira. Avec verve et subtilité, Flore Vesco revisite ce conte plein de rats, de peste, d'odeurs, de sorcellerie réelle ou supposée à travers le destin de Mirella, porteuse d'eau de son état mais surtout au grand cœur

A la volette...

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©Méli-Mélo de livres "Mon petit oiseau  A pris sa volée (bis) A pris sa A la volette  A pris sa A la volette  A pris sa volée." Immédiatement, ce titre m'a fait chanter cette ritournelle enfantine. Pourtant, cet album sans texte exprime bien plus sans mots (presque) ce qui se joue dans cet arbre ! Un merveilleux voyage dans la grouillante vie d'un arbre, c'est ce à quoi invite Mathilde Magnan dans ce nouvel album à la patte si singulière.  Du noir sur la page blanche et cette multitude de détails à décrypter dans le plus infime et intime. Si bien que l’œil s'exerce à chaque lecture à les décrypter et les savourer lorsqu'ils sont découverts.  De l'humour (la piste de décollage !) et un regard décalé pointent également à chacun des étages de cet arbre qu'à chaque tourne de pages le lecteur y monte ou y descend. C'est qu'il  s'en passe des choses du matin au soir ! Cet oisillon bien dodu va -t-il prendre son envo

S'unir c'est se relayer : une histoire de poules

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Quoi de mieux qu'une histoire de poules aujourd'hui !  J'avais déjà beaucoup apprécié le premier volume : S'unir c'est se mélanger , alors je n'ai pu m'empêcher d'aller voir de quoi il retournait dans ce second qui vient tout juste de sortir ! Ah ah ! Et quelle tranche de rires !  Nos poules sont toujours aussi audacieuses et aussi directes dans leur raisonnement. Pensez donc ! Les trois coqs les obligent à rester couver bien sagement sur leur nid respectif. Sauf que ces poules ont de la suite dans les idées et ont quelque peu la bougeotte : des poules modernes quoi, bien dans leur temps ! Les coqs inventent donc un quadrillage et des numéros pour leur permettre de faire 10 mn de pause par jour mais évidemment, cela ne se passe pas vraiment comme prévu....La chute de cet album dans son renversement des rôles est tout simplement géniale.  Outre la tonicité du texte, les illustrations valent vraiment le détour : comme dans le travelling au c

Partis sans laisser d'adresse

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J'ai tout lu de Susin Nielsen et il n'y a pas à dire, elle n'a pas son pareil pour aborder des sujets de société avec un regard plein de justesse mais surtout par le biais de personnages très attachants. L'autre particularité de ses romans est que la solidarité y est toujours de mise et on retrouve des personnages des précédents avec bonheur, qui apparaissent donc sous un autre angle, puisque dans une autre histoire. Le tout constitue pour le lecteur une famille qu'il a grand plaisir à voir évoluer. Dans Partis sans laisser d'adresse , on rencontre Félix Knutsson, 12 ans, qui vit avec sa mère Astrid et sa gerbille Horatio. Ils vivent dans un Combi Volswagen à Vancouver, qui n'est pas le leur. Mode de vie précaire dû à une spirale de malchance comme c'est souvent le cas. La maman pense se refaire rapidement mais le fait est qu'elle n'arrive pas à garder un travail, sa personnalité bipolaire et son sens aigu de la justice, mais à leurs dé

La balade de Koïshi

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Dès qu je l'ai vu ce livre accordéon ou leporello (quel beau mot !), j'ai su de suite qu'il était pour moi. Il y a des rencontres muettes qui se font, comme ça, entre un livre et son lecteur, sans qu'il soit besoin de l'ouvrir. Alors, dès que je l'ai pu, direction ma librairie préférée, et là, enfin dans mes mains, je l'ai ouvert comme un trésor. Avec ma grande fille. Dans un petit restau où nous avions convenu de nous retrouver pour déjeuner, maintenant qu'elle est étudiante. Spontanément, je lui ai lu à haute voix et c'est ensemble que Koïshi, petit grain de riz, nous a emmené en balade . ©Méli-Mélo de livres Et quelle balade ! A la fois dans les pages et dans le texte, le tout d'une poésie et d'une délicatesse à couper le souffle.  Koïshi, minuscule grain de riz, s'en va parcourir le monde et traverse les saisons, qui constituent autant de tableaux, avec ce fil en pointillés qu'il suit, celui de la vie, ténu, fragile, fa

Longtemps, j'ai rêvé de mon île

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Lauren Wolk m'avait déjà embarquée avec "La combe aux loups" . Et c'est avec une belle envie de lecture que je me suis plongée dans ce nouveau roman. Et quel régal ! C'est l'histoire de Corneille, jeune fille sauvage qui vit sur une île sauvage. Le peu qu'elle sait d'elle, c'est Osh qui lui a raconté. Il l'a recueillie dans un vieux rafiot qui a échoué sur le banc de sable devant sa cahute. Lui, le vieil homme solitaire, au passé douloureux, assez taiseux mais aussi artiste, a appris à la faire grandir, la nourrissant de beaucoup d'amour et de paroles mais aussi des choses simples de la vie dans cet environnement rude mais de toute beauté. Mais Corneille veut obstinément savoir d'où elle vient. Il y a les gens du village qui l'évitent sauf leur voisine Miss Maggie et il y a celle île, Penikese, là-bas, pleine d'un non-dit. De maisons abandonnées. Village fantôme de léproserie. Ce roman, c'est donc cette quête de ses o

chut ! il ne faut pas réveiller les petits lapins qui dorment

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Voici un album petite enfance singulier,  à la proposition graphique étonnante,  doux comme une caresse avec sa phrase ritournelle du titre qui arrive chaque fois à point nommé, et va decrescendo pour inviter à la torpeur du sommeil, juste ce moment ténu entre veille et endormissement. Un aller-retour est opéré entre les éléments du quotidien- le bol du petit déjeuner, la chambre de l'enfant,... - et ceux de l'univers alentour- la lune, le chien, les étoiles, le chat, l'ourse,... - dans un graphisme épuré mais aussi très sensoriel. Des coloris pastels, profonds, chaleureux donnent à l'ensemble une belle unité de tons. La première et quatrième de couverture se répondent entre l'infiniment grand et le petit du quotidien.  Le texte, tout doux lui aussi, procède par petites touches et le "chut ! il ne faut pas réveiller les petits lapins qui dorment" se chuchote spontanément et assure un effet apaisant instantané. Il invite au respect de l'autre

Rattrapage

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Un texte sans concessions qui se lit d'un seul souffle et dans lequel le lecteur entre dans le monologue cru et acéré de la fille la plus populaire du lycée le jour du rattrapage du bac. Elle et sa bande qui ont bien fracassé sur les réseaux sociaux toute cette année de terminale celles et ceux qui ne rentrent pas dans leurs cases, leurs critères, leur monde. D'ailleurs, savent-ils eux-mêmes les définir ? Pas vraiment, c'est la spirale du groupe, sa surenchère, son indifférence. Pourtant, là, dans cette cour de lycée inconnu, en attendant de passer à l'oral, c'est un autre rattrapage qui se joue. Celui de se trouver dans cette cour avec un jeune homme qui a tenté de se suicider en plein cours de philo, cible préférée de cette bande. L'auto-justification de la jeune fille sur ce harcèlement se met alors en branle et la limite est fine entre déni et reconnaissance des faits. Mais le plus fort dans ce texte se joue ailleurs : ce n'est pas la souffrance

Petits tigres

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Après Mon tout-Petit et Petite Baleine, Jo Weaver offre à nouveau regard un magnifique album. Au regard car il faut bien le dire, le lecteur est d'abord subjugué par la lumière qui se dégage des illustrations. Une histoire classique mais qui relate le quotidien de bien des mères  : celle d'une maman tigre qui part à la recherche avec ses deux petits d'une nouvelle tanière car celle qui leur offrait un abri jusque-là ne leur procure plus assez de sécurité. C'est donc sur cette recherche qu'est bâtie cette histoire, prétexte aussi à montrer la jungle dans tous ses dangers cachés, pour des tigreaux inexpérimentés mais plein d'enthousiasme pour trouver un nouvel environnement. C'est la force de cette histoire : montrer la capacité d'une mère à laisser suffisamment d'autonomie à ses petits tout en les surveillant de près et prendre la décision finale en toute bienveillance pour leur sécurité. Toute la splendeur de cet album réside dans