Soixante-douze heures

J'ai été cueillie par ce texte.
Littéralement.
Une histoire intime et universelle à la fois.
72h. Et la vie d'Irène et de ce bébé peut basculer dans ce laps de temps que la loi leur donne.
Mais que peut la loi contre la force de vie ?

Irène est tombée enceinte lors de son tout premier rapport. Rien de prémédité. Mais l'enivrement des sens d'abord qui l'ont submergée. Et l'étonnement qu'elle puisse le vivre comme ça, elle, Irène, la grande Irène, toute fine, qui ne dit jamais rien, et semble se laisser porter par les événements. 
Mais là c'est sa décision : trop tard pour avorter, elle décide en cours de maths d'accoucher sous X.
Personne ne se rendra compte de cette grossesse. On n'est pourtant pas dans le déni. Non, c'est un secret. Son secret. A l'insu des autres et surtout de ses parents. Pourtant, il a bien fallu leur dire. Dans ce passage, j'a été subjuguée par son aplomb face au déni de ses parents, qui lui en est un.


Elle accouche donc d'un petit garçon, qu'elle nomme, va voir, observe, et aime déjà. Car oui, même dans l'abandon, l'amour est là. C'est la force de ce roman : un tsunami émotionnel submerge cette jeune fille comme toute naissance mais en même temps, cela lui permet aussi d'accoucher d'elle-même. 

Ces 72h, c'est aussi remonter le fil des événements, décrypter des paroles et des comportements de sa famille, d'en mieux analyser les non-dits, ces compromis d'adultes qu'on porte et qu'on finit par ne plus pouvoir supporter.

Car en devenant mère si jeune, Irène bouscule des certitudes : celle de sa grand-mère pourtant bienveillante et celle de sa mère surtout, omni-présente, étouffante, intervenante intrusive dans sa décision pour la dévier, la culpabiliser, l'assigner à sa place. Parce que je le dis, la maman d'Irène, je n'en aurais pas voulu non plus. Elle se sert de la décision de sa fille pour régler ses comptes avec sa propre vie et il n'y a rien de pire. La jeune fille tient bon malgré tout.

La force de ce roman c'est aussi cela : l'auteure Marie-Sophie Vermot y interroge la filiation avec une force et un réalisme à couper le souffle.

Il y a aurait beaucoup plus à en dire que dans cette chronique qui effleure seulement ce que j'ai pu ressentir.

Un roman qui interroge sur la force de la vie.
Bouleversant.

Une autre chronique d'un autre roman de cette auteure là.

Soixante-douze heures
Marie-Sophie Vermot
Thierry Magnier

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