Le rocher tombé du ciel

Ce n'est pas la première fois que je chronique ici des albums de cet auteur-illustrateur canadien Jon Klassen et à chaque fois, je suis conquise par son regard minimaliste mais qui en dit tant.

Cet album, au titre évocateur d'une catastrophe à la "Don't look up", se divise en cinq parties et met en scène trois animaux :  une tortue, une taupe et un serpent. S'ajoutent le fameux rocher et un oeil-alien extraterrestre. Si ! Si ! Vous avez bien lu. Mais que font-ils donc tous ensemble ?

Chacun des personnages entre en scène de façon linéaire et s'adresse à l'autre dans un vouvoiement policé et direct à la fois. Qui de son endroit préféré, qui de sa sieste, qui du coucher de soleil à admirer, qui de ses pensées sur le futur : ces dialogues frôlent l'absurde philosophique et donnent immédiatement envie de les lire à haute voix.

Le tout est accentué par un graphisme épuré, aux coloris couleur sable, avec une fleur omniprésente, et des clins d’œil aux albums Je veux mon chapeau et Ce n'est pas mon chapeau puisque les trois animaux en portent un. Tout semble presque immuable et statique dans ces pages à l'unité de lieu parfaite, à part les yeux des bestioles qui roulent dans tous les sens et qui se ferment parfois en une fente à peine visible.

Le comique de situation est renforcé par les déplacements des personnages d'une placidité incroyable et quand le lecteur comprend que le rocher peut tomber ou l'alien provoquer un désastre écologique, il s'attend presque à ce que ces catastrophes leur tombent dessus en permanence. L'auteur a su insuffler des pauses salutaires dans ces répétitions pour laisser toute la place à ces interactions sociales un brin désabusées qui rappellent "En attendant Godot". Malgré les catastrophes, la vie continue comme si de rien n'était. Et la fin est excellente !

C'est une lecture lente que cet album tant il est riche : les enfants vont à coup sûr le plébisciter !

Le rocher tombé du ciel
Jon Klassen
Pastel

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