George Sand, fille du siècle

Théophile Gautier disait de George Sand :

" Il est impossible d'être meilleure femme et meilleur garçon à la fois" (p. 308).
Et c'est exactement ce que j'ai ressenti à cette lecture passionnante et remarquablement documentée. Et ce que j'aurais aimé lire cette vie de fille du siècle quand collégienne, j'ai lu La mare au diable ou La petite fadette !

De naissance à la fois aristocratique par son père et plus modeste par sa mère, Aurore Dupin est élevée par sa grand-mère au Château de Nohant, qui restera toute sa vie son refuge, son inspiration, son socle.

A 25 ans, elle choisit son pseudonyme, jette le corset et porte le pantalon : elle prend fait et cause pour les femmes, vit des passions amoureuses torrides (Musset, Chopin, ...) et a eu aussi des amantes, refuse le mariage et les conventions, a demandé et obtenu le divorce et reçoit à Nohant les intellectuels du siècle (et quel siècle !). Elle a même fait de l'ombre à Victor Hugo et son monument Notre-Dame de Paris, avec son premier roman Indiana. Son engagement politique en 1848 la rend incomprise auprès de certains de ses amis mais fidèle à ses idées, elle va jusqu'au bout, quitte à mettre sa vie en danger.

Ecrivaine infatigable, elle touche à tout : romans, nouvelles, journaux, théâtre, et prend très vite la défense des opprimés : ouvriers, paysans, précaires de son époque. Son amour pour la littérature est sans doute la plus grande passion de sa vie.

Mais elle est aussi mère et grand-mère : ce que j'ai aimé découvrir ses doutes, ses peurs, ses joies,...car à côté de ses engagements et de ses convictions, elle est d'abord une femme,  qui vit la tourmente politique et sociale de son époque mais aussi celle de son propre foyer.

Un portrait complet et magnifique d'une femme étonnamment moderne ! Quel exemple pour aujourd'hui !

Une BD qu'on ne lâche pas et qui force l'admiration. Un seul petit bémol : il est parfois difficile de différencier les personnages tant les dessins sont petits (ses amants se ressemblent). J'ai par contre beaucoup aimé le choix du noir et blanc. Cela renforce la conviction qui se dégage de ces plus de 300 pages. Ses correspondances sont placées intelligemment et éclairent la femme sensible et entière qu'elle était.

Un destin extraordinaire d'une femme du siècle si bien rendu dans cette bande dessinée par Séverine Vidal au texte et Kim Consigny aux illustrations : cela la rend encore plus vivante et donne envie de se replonger dans son œuvre foisonnante. Un modèle de liberté !

Pour en savoir plus sur la conception de cette BD, une interview par les éditions Delcourt.

George Sand, fille du siècle
Séverine Vidal et Kim Consigny
Delcourt

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