La cavale

Elle est parlante cette illustration de couverture de Kitty Crowther : vu le sourire du garçon, on se dit que cette silhouette noire, affublée de surcroît de béquilles et d'un pied dans le plâtre, ne peut pas être malveillante. Pourtant, le titre donne un air de malfrats à cette histoire et sous certains aspects, il est très proche de la vérité.

Gottfrid a un grand-père, un grand-père jamais content, toujours grognon et en colère. Oui, mais lui, il aime bien son grand-père comme ça. C'est moins triste la vie ! Sauf que ce grand-père a fait une mauvaise chute et est cloué sur son lit d'hôpital, ce qui n'arrange guère son humeur envers le personnel soignant, les gros mots fusent. Il est vrai que s'il n'y avait pas le regard indulgent de ce garçon, j'aurais bien eu du mal à accepter ce personnage rustre et grossier !

Gottfrid a alors une idée : il a compris que la colère de son aïeul est liée à cette situation qu'il vit mal, à la vieillesse qui arrive, à l'absence de sa femme déjà disparue. Alors il organise cette "cavale" avec l'aide de Ronny, adulte boulanger-mécanicien fort sympathique et dévoué. Il emmène son grand-père jusqu'à la Maison de la Falaise. Ils font preuve de beaucoup de ruses, mêlées de rires mais aussi de mots et gestes échangés. A ce qui s'apparente en fait à un dernier voyage, même si celui-ci n'est jamais nommé par les protagonistes, qui se placent dans ce moment présent à vivre comme une fabrique à souvenirs.

J'ai beaucoup aimé cette histoire : déjà, le livre est magnifique. Relié, avec son signet, son grain de papier très doux au toucher,  il a tout pour plaire et cela le rend encore plus précieux. Le texte d'Ulf Stark, auteur suédois et dont il s'agit du dernier roman, d'un abord simple pour de jeunes lecteurs car raconté à la première personne par le jeune Gottfrid, est bien rythmé et plein de vie. Les illustrations de Kitty Crowther sont reconnaissables entre toutes avec ces expressions des personnages accentuées et ces couleurs aux traits très marqués.

Et puis, c'est une très belle histoire de complicité entre un petit-fils et son grand-père qui ont encore tant à partager et qui veulent le faire avant qu'il ne soit trop tard.  La symbolique du pot de confiture notamment est magnifique de transmission.

Vraiment, une petite merveille !  

La cavale
Ulf Stark et Kitty Crowther
Traduit du suédois par Alain Gnaedig
Pastel
Ecole des loisirs

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