Bookplant #2 : Le goût amer de l'abîme

©Méli-Mélo de livres
Ce roman s'est ajouté sur ma pile juste avant de partir et hop ! Dans le sac, un de plus ou de moins...

Sans doute que je devais être fatiguée, car je n'ai pas réussi à entrer de suite dedans, il m'a fallu du temps. Mais j'ai vraiment bien fait de persévérer tant il est bouleversant. 

Il est tiré d'une histoire vraie et c'est le père qui la raconte : c'est le récit de la lente plongée de son fils (Caden Bosh dans le récit) dans la maladie mentale, la schizophrénie.

La construction est perturbante au début en fait : le lecteur a déjà du mal à percevoir la différence entre hallucinations et réalité jusqu'à ce que la maladie prenne le dessus et que tout se confonde et se révèle. Mais pour cela, il faut plonger au plus profond de ses angoisses, celles de Caden dont on saisit alors toute la solitude (et le mot est bien faible).

Le chapitre 65 "Les ténèbres et au-delà" est un condensé bouleversant et si intime de ce qu'il ressent : "Qu'est-ce que je vois quand je ferme les yeux ? Parfois, des ténèbres dépassant tout ce que pourrais décrire. Parfois c'est magnifique, et parfois terrifiant, et je sais rarement à quoi m'attendre (...) Quand c'est magnifique, j'ai envie de vivre dans cet endroit (...) Mais ça n'est pas toujours comme ça. 
Parfois, les ténèbres derrière n'ont rien de magnifique ; elles ne sont qu'une absence absolue de lumière. (...) Et tu connais les ténèbres au-delà du désespoir, aussi intimement que tu connais les grandes envolées. Parce que dans cet univers et tous les autres, il y a un équilibre. Tu ne peux pas avoir l'un sans être confronté à l'autre (...).
pp.152-154

Je ne veux pas en dire plus. Si ce n'est que ce récit est émaillé de remarques d'une acuité subtile et d'un humour décapant, et mon livre en est la preuve puisqu'il est corné à pas mal de pages tant Caden claque les mots. Il y a aussi les dessins (qui sont ceux du fils "réel") qu'il faut prendre le temps de contempler. Et non pas seulement regarder.

Alors, pour cette photo, j'ai choisi non pas la mer (trop facile !), mais des fleurs d'hortensia, symboles de gratitude, de grâce et de beauté. Parce que c'est exactement ce que j'ai ressenti à cette lecture.

Ce roman a reçu le très prestigieux National Book Award en 2015. Mais au-delà du prix, il constitue un formidable cri d'amour et de tolérance.
Il sort ce 30 août en librairie.

Le goût amer de l'abîme
Neal Shusterman
Nathan

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