Bookplant #1 : Ueno Park

©Méli-Mélo de livres
Voici le premier d'une série de 7 bookplants, inspirés par mes vacances, avec des objets plantes ou plantes venant de mon environnement proche, en lien avec l'histoire.

Et là aussi, j'ai voyagé avec ce roman, non seulement au Japon mais aussi dans le cœur de 8 adolescents tourmentés, qui tous pour une raison qui leur est propre, vont se rendre à Ueno park, ce grand espace de verdure comme il en existe peu à Tokyo, pour la grande fête de l'éclosion des fleurs de cerisiers : Hanami. Une tradition bien codée, avec ses rites, d'apparence légers mais qui cachent aussi toutes les ambivalences de la société japonaise que l'auteur Antoine Dole connait très bien.

8 jeunes qui ne se connaissent pas mais qui vont tous converger vers ce lieu et dont le lecteur va apprendre le chemin parcouru, la révolte étouffée contre la pesanteur de cette société et dont ils veulent s'affranchir pour construire un monde nouveau. Tous néanmoins ont un point commun : leur vie n'est que souffrance et incompréhension, déni et indifférence.

C'est ce jour-là que j'ai compris que nous ne quittons jamais vraiment la cage des drames qui nous façonnent. Nos barreaux à nous ont pénétré sous notre peau, dans notre corps, ils sont dans nos bras, dans nos jambes, tout en travers de nous. Haruto, p.79

Il y a chez eux une telle impuissance mais aussi une rage que c'en est déchirant à chaque fois. L'auteur a parfaitement su à travers eux aborder des sujets tabous telle que la mort, le rejet de la différence, la phobie scolaire, la pression familiale, la pauvreté, le drame des catastrophes naturelles, lesquels prennent une dimension encore plus dramatique dans cette société si lisse.
La vie s'empresse de nous montrer que nous ne sommes pas grand-chose dès que l'on veut plus qu'elle ne nous donne. Nozomu, p. 111
Le parallèle tout en symbole fait avec le renouvellement de la nature, à travers cette éclosion toute en beauté de ces fleurs de cerisiers, est d'une force incroyable tant la joie que ce moment procure dans cette tradition ancestrale contraste avec les faux fuyants des motivations des personnes présentes.

Le lecteur sort de ces destins tourneboulé et a envie de prendre chacun par la main. Pourtant, une note d'espoir bienvenue apparaît à la fin. Et on se dit finalement qu'ils n'auront pas besoin de nous. Sauf de lire ce roman aux accents tristes et mélancoliques, au rythme si particulier, chaloupant et cru à la fois.

Ueno Park
Antoine Dole 
Actes sud junior

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