Rester debout

C'est cette chronique de Sophie Van den Linden qui m'a donné envie de lire ce livre.
Même sans bandeau, on la reconnait Simone Veil, née Jacob, cette détermination dans le regard.

Cette fiction historique de Fabrice Colin, remarquablement documentée et construite, s'attache à retracer le destin exceptionnel de cette femme hors du commun.

De sa naissance, de ses relations familiales, de son attachement viscéral à sa mère, de l'agacement de son père, de ses relations fortes qui l'unit à ses sœurs et son frère, la première partie pose le contexte de cette enfance et adolescence dans une époque mouvementée avec le spectre nazi qui enfle. Il replace aussi ce que signifie être juif pour une famille qui ne pratique pas, contrairement à d'autres familles côtoyées, dans un respect des choix de chacun. Et j'ai trouvé que le rappeler avait son importance.


Une ellipse non paginée arrive au fil de la lecture, marquée par deux pages noires, au début et à la fin et par ces signes (...). Pour "dire" l'impensable. On n'en sort pas indemne.
"Les témoignages décrivant le processus de l'extermination nazie tournent , dans leur ensemble, autour d'une vérité qu'ils ne parviennent pas à saisir. Une ignominie se dérobe à la raison, faramineuse, défiant le langage".

Puis le récit reprend avec la reconstruction difficile, l'absence des êtres chers, la vie avec ses drames et ses bonheurs, et ce destin incroyable d'une femme politique, qui va aller bien au-delà du témoignage mais porter des actions fortes et conformes à ses convictions.

"Des gens semblent bénis par l'existence. D'autres ploient sous le joug d'un destin contraire. Simone Veil née Jacob a fait de sa malédiction une grâce."

A mettre entre toutes les mains, surtout celle de la jeune génération. Sans vouloir donner d'injonction péremptoire, non. Parce que rester debout. Voilà le message universel à retenir.

Rester debout
Fabrice Colin
Albin Michel jeunesse
Collection litt'

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