Tous mes cailloux
Un caillou en relief sur la couverture donne le ton et Françoise Lison-Leroy nous fait entrer dans sa collection de cailloux, glanés ici ou là : elle nous les décrit avec des mots choisis, des mots qui inventent leur parcours, à partir de leur apparence, rugueuse, striée, polie par les éléments au fil de leurs voyages. On imagine qu'elle se remémore le lieu de leur trouvaille, et ce que ce moment lui a été soufflé dans l'oreille, tels les coquillages. On perçoit leur poids, on les entend s'entrechoquer, ce son si particulier qu'ils ont, on a envie de les saisir sur la page ces cailloux tour à tour "baladins, casse-cou, musiciens, polissons, costauds, mariniers", tous "singuliers".
Cette collection nous ramène humblement à nos origines minérales, et elle est sublimée non seulement par ces mots mais aussi par les dessins de Raphaël Decoster, qui rendent si bien leur matière, leurs anfractuosités, en plan serré, lignes épurées et colorées, et tout en détails sur lesquels nos doigts sur la page peuvent s'attarder pour mieux les ressentir. Il suffit de visualiser la page et de fermer les yeux, de laisser ses sens s'encaillouitter de leur minéralité. Des coloris sobres les révèlent, à travers la transparence des calques, pour se terminer dans cette invitation à les faire ricocher, dans cette double page les rassemblant dans toute leur diversité.
Comme toujours, le travail éditorial est parfait : beau papier crème épais, bords arrondis, qualité d'impression irréprochable.
C'est un très beau voyage que ce carnet que j'ai envie de proposer même à des tout-petits car je sais d'emblée qu'ils seront sensibles à la fois à ses mystères et ses évidences.
Des cailloux que l'on a envie de mettre dans sa poche... ☺️
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