Parallèle : J'ai quatorze ans et ce n'est pas une bonne nouvelle-Les impatientes

Deux romans proches dans le temps, qui abordent le même sujet :

 c'est la chronique PARALLÈLE.

Un nouveau rendez-vous ? Peut-être, au fil de mes lectures....

******

Jo Witek signe avec ce roman le portrait d'une jeune fille, Efi, dont la vie va être ravagée par un mariage forcé. Brillante collégienne, elle ne se doute pas que sa vie va prendre un tournant dramatique à son retour au village pour les vacances d'été. Non préparée, contrairement à ses amis du même âge qui sont restées au village et pour lesquelles 14 ans signe en quelque sorte leur arrêt de vie, elle va pourtant percevoir rapidement des signes sans trop croire que ses parents, qui l'ont envoyée à l'école, puissent la trahir. 

L'inévitable va pourtant arriver : forcée de se marier avec un homme bien plus vieux qu'elle, mariage d'intérêt sans amour, elle est une marchandise, une chose qu'on viole à loisir et rend esclave de sa belle-famille. Tous ses espoirs de devenir ingénieure s'envolent en fumée. Elle va relever la tête, se rebeller contre cet ordre établi, trouver des alliés et fuir cette barbarie archaïque. 

Ce roman, je l'ai dévoré tant Efi vous emporte dans son sillage à la fois de naïveté et de force de caractère. Jo Witek sait décrire les mécanismes en jeu : la tradition à respecter au dépends du bonheur des filles et de leurs aspirations.

C'est déchirant de cruauté et de réalisme : les images se bousculent dans la tête du lecteur qui ne peut que prendre fait et cause pour cette jeune fille courageuse qui décide de ne plus subir.

J'ai quatorze ans et ce n'est pas une bonne nouvelle
Jo Witek
Actes sud junior

 

Je l'ai nettement préféré, sans doute à cause de l'esprit combatif, du roman "Les impatientes" (Prix Goncourt des lycéens 2020) de  Djaïli Amadou Amal : un témoignage en trois parties, trois femmes mariées de force, aux destins liés. Le seul conseil qu'on leur donne : "Patience !". Ce roman, en dénonçant la condition féminine au Sahel, est poignant mais ce fatalisme des femmes m'a vraiment révoltée. Contrairement à Efi, qui se bat, elles se débattent dans leurs querelles, jalousies, rancœurs, faveurs du mari polygame sans réagir. Je l'ai sans doute lu avec des yeux d'occidentale. Le style d'écriture, assez froid, ne m'a pas embarquée non plus. 

Deux romans qui montrent qu'il y a encore beaucoup de chemin à faire sur la prise en compte de la voix des femmes.

Les impatientes
Djaïli Amadou Amal
Emmanuelle Collas

 


Commentaires