Au théâtre sur le blog...

A chaque fois que je lis du théâtre, je me dis que je devrais en lire plus souvent, en particulier le théâtre jeunesse que je trouve particulièrement foisonnant.

Voici deux pièces que j'ai lu récemment et que j'ai envie de faire connaitre.



  • L'ogrelet de Suzanne Lebeau, éditions théâtrales : l'ogrelet vit à l'écart dans la forêt avec sa mère. Quand il commence à fréquenter l'école, il prend conscience peu à peu de sa différence. Et le questionnement arrive. On sent chez sa maman une certaine fébrilité à révéler à son petit le secret entourant sa naissance car elle perçoit que la protection qu'elle a établi autour de lui se fissure dangereusement. Elle lui apprend en effet qu'il est le fils d'un ogre, né d'un véritable amour. Pour se défaire de cette attirance pour la chair fraîche qui est irrépressible, il décide, à la suite de son père jamais revenu, de subir trois épreuves dont il sortira peut-être vainqueur.


Il y a beaucoup à dire sur ce texte métaphorique qui m'a subjuguée par son mélange de tendresse, de poésie et de cruauté. L'auteure joue en permanence sur ces registres pour instiller un doute sur la véritable nature de cet ogrelet qui se cherche et espère se trouver. Elle arrive aussi à insuffler cette part d'enfance innocente qui se défait de son manteau de légèreté et d'insouciance pour affronter la séparation qui découle de son désir d'émancipation et de vérité. C'est à la fois très beau et puissant et jusque la fin, l'interrogation demeure sur cette question existentielle.
Un texte universel et magistral qui nous dit la douleur de nos choix et l'opacité de nos identités.

Il m'a été offert par Colette en écho à cet album dont nous avons fait une lecture commune.
Une lecture commune en duo arrive sur cette pièce de théâtre sur le blog A l'Ombre du Grand arbre. A suivre...




  • Pebbleboy d'Eric Pessan, Collection théâtre de l'Ecole des loisirs : Peddleboy comme "garçon de pierre". Ça sonne comme un nom de super-héros. Et ça tombe bien, car le héros en question s'appelle Pierre et il s'attache avec une rare ténacité à faire croire qu'il ne ressent rien sous les coups, tel une pierre. A l'école, il devient l'attraction des enfants et des adultes si bien que sa particularité dépasse le cercle de la cour et finit par attirer le besoin de sensationnel des journalistes. Evidemment, personne n'y voit que du feu à part une petite fille, qui cherche sous la dure carapace le secret renfermé et si douloureux.


Outch ! J'ai pris en plein cœur ce texte qui joue avec habileté sur la métaphore et la révélation de la fin n'en est que plus dure à supporter. Il y a d'un côté les longs monologues de Pierre qui montent en intensité et dont on perçoit assez vite la souffrance, et de l'autre le voyeurisme teinté d'indifférence des adultes, dont le paroxysme est atteint avec la parole des parents de Pierre qui instrumentalisent à leur avantage le somatique de leur enfant. 
Je n'ai jamais rien lu d'aussi bien mené sur ce sujet qui heureusement se termine sur une note d'espoir. Il était temps !

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