Parallèle : Un simple soupçon / Eden fille de personne

Retour de la chronique Parallèle mais cette fois, non pas entre un roman adulte et un roman ado, mais entre deux romans ados.

En effet, tous deux abordent des thématiques sociales contemporaines assez mal connues : le premier,  le placement d'enfants en famille d'accueil du fait de leur surpoids et le second, le marché de la réadoption aux Etats-Unis. Dans l'un et l'autre, ça fait froid dans le dos...

Dans un Simple soupçon, Sandrine Beau fait vivre au lecteur la spirale dans laquelle tombe la famille de Jacob. Convoquée par la SCAS (Section du Centre d'Action Sanitaire), elle ne comprend pas. Pas d'excès à la maison mais un suivi médical déjà mis en place car plusieurs enfants sont en surpoids alors qu'une autre a du mal à grossir. La famille va être mise à l'écart de la société, dans une maison spécialement élaborée, leur permettant de reprendre en main la santé de leurs quatre enfants : programme de sport, courses déjà faites, placards qui s'ouvrent à heures fixes. Et surtout bourrage de crâne, culpabilité, discrimination. Pas un seul moment les facteurs génétiques sont pris en compte ou même la précarité dans laquelle cette famille peut se trouver. On se croit en pleine science fiction mais la note de l'autrice en fin de roman éclaire le lecteur sur cette réalité révoltante. Sandrine Beau réussit dans ce roman à montrer les mécanismes implacables de cette décision mais surtout les dommages collatéraux puisque les enfants seront finalement retirés à leurs parents. Heureusement, une note d'espoir éclaire la fin. Ce roman permet une prise de conscience réelle sur un fait de société qui, agissant sous couvert de maltraitance, en provoque une bien plus grave. 
 
 
 
Dans Eden fille de personneMarie Colot aborde le marché de la réadoption aux Etats-Unis, qui permet à des familles de choisir dans une véritable mise en marché des enfants à adopter et de s'en séparer comme bon leur semble. C'est ce qui arrive à Eden, jeune fille incroyable de ténacité et de lucidité. Elle est revenue au foyer suite à un drame survenu dans sa famille d’accueil du moment. Elle n'en est pas à sa première expérience. Et elle ne veut plus. Elle veut se faire émanciper. Mais pas si simple. Elle doit faire ses preuves. Il lui est proposé alors de se faire réadopter par un couple de seniors, avec lesquels une porte semble s'ouvrir. Ce roman est splendide : outre la thématique assez difficile à admettre, l'autrice dépeint à travers une société américaine remplie de contradictions. Elle tricote l'histoire d'Eden par touches,  ce qui permet au lecteur de reconstituer peu à peu son parcours chaotique et de mieux comprendre ses réactions à fleur de peau. C'est un magnifique roman de résilience dans lequel quelques humains l'aident mais surtout c'est la gent canine qui lui permet de retrouver sa dignité. Très rythmé, le lecteur retient son souffle et espère pour Eden le paradis qu'elle mérite.
 

Une chronique parallèle de deux romans pour adolescents qui les prend pour ce qu'ils sont : des êtres en devenir avec leurs failles, leurs envies, leurs espoirs. Et qui éclairent singulièrement le monde dans lequel ils vivent.

Je vous les recommande !

Simple soupçon 
Sandrine Beau 
Mijade Zone J
 
Eden fille de personne
Marie Colot
Actes sud junior

Commentaires

  1. Voici deux romans qui me tentent bien ! D'autant plus que je connais et aime déjà ces deux autrices.

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