La-gueule-du-loup
Car ce roman est bluffant : sous ses airs d'histoire de forêt sombre, de bruits bizarres, de mystères enfouis, le sujet est en effet tout autre.
Jo, son frère et sa mère s'exilent dans la maison des grands-parents maternels, décédés un an auparavant, sur fond d'héritage mal négocié entre frère et sœur. Début du confinement de mi-mars 2020. Un papa infirmier aux urgences et une peur légitime de transmettre ce virus encore bien inconnu.
La route (longue), l'installation (éreintante), la prise de repères (dans un monde sans repères), l'isolement (la vraie campagne), bref, c'est pas la joie ! Le lecteur s'y croit vraiment et revit cette période par le biais de cette famille qui gère la situation comme elle peut. C'est Jo qui relate et du haut de ses 16 ans, elle en perçoit des choses, sait rester à sa place quand il le faut, analyse, observe, s'adapte. Très vite, des phénomènes inexpliqués surgissent et l'imagination s'emballe.
La construction du roman, comme un journal de bord, et cette voix off du loup, concourt vraiment à faire flipper. Puis, tout s'éclaire dans une révélation sordide à des années lumière de ce que les premiers chapitres laissent entrevoir.
Une sorte de roman puzzle puissance 1000 qui m'a laissée sans voix en le refermant.
J'ai vraiment beaucoup aimé cette façon d'amener ce sujet au cœur du ressenti des personnages, ainsi que les répercussions psychologiques qui en découlent, pour chacun à différents niveaux. Mais surtout pour l'un d'entre eux. C'est un roman extrêmement riche et terriblement humain et inhumain à la fois.
Chapeau bas M. Pessan !
(Et merci pour les clins d’œil vers les personnages de vos romans précédents, j'adore ce procédé, ça donne envie de les relire !).
Roman sélectionné dans le Prix Vendredi 2021.
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