madame hibou cherche appartement

Ce titre comme une petite annonce pourrait largement être complété par "désespérément".

Elle n'en peut plus madame hibou de son trou dans son vieil arbre, un trou venteux, glacial et qui prend l'eau. Elle est en permanence enrhumée.

C'est qu'elle y passe du temps dans son trou : car comme chacun sait, elle dort le jour et est éveillée la nuit. Alors le soleil, elle ne le voit jamais ! 

Elle rêve donc d'un appartement où il ferait bon vivre, au chaud et plein de jaune comme l'astre du jour.

Un beau soir, malgré le pessimisme de ses voisins, elle décide de prendre son courage à deux ailes et de se lancer dans les arcanes administratifs. Elle finit par avoir le bon interlocuteur qui lui enjoint de réunir les documents nécessaires à prouver son existence. Munie du précieux sésame, elle s'envole vers le bâtiment le plus proche, devant lequel s'étire une file interminable de hiboux....L'attente est longue mais elle se fait un tas d'amis, et même un amoureux,  jusqu'au jour où un hibou en uniforme annonce sans état d'âme qu'il n'y a plus d'appartement.

Les éconduits n'en restent pas là et s'organisent : ils se lancent dans la construction de leurs logements et décident ensemble de fixer leur propre loi : un toit pour chacun sans conditions !

A l'heure où la trêve hivernale est levée, cet album résonne comme un sujet -hélas-d'actualité. Il met à hauteur d'enfant toutes les difficultés rencontrées mais surtout l'absurdité du système, montré là sous son jour le plus inhumain.

L'élan de solidarité qui s'y oppose est un vrai souffle de possibles : avec de la bonne volonté, avec l'envie de s'en sortir, à plusieurs on y arrive. L'idée va plus loin : s'affranchir de toute législation pour permettre à tous de vivre sous un toit.

Il me plait que la littérature jeunesse s'empare de ce sujet en ces termes. 

Le texte de Caroline Dorka-fenech (dont il s'agit du premier album) l'aborde en toute globalité et simplicité à la fois. Les couleurs utilisées par Géraldine Alibeu trouvent écho aux situations : le noir pour le désespoir, le vert pour son contraire. Les hiboux sont soulignés dans leur individualité par des couleurs différentes. Et puis, le livre y est présent, dans le refuge et le partage qu'il offre quand madame hibou lit des histoires... Comme quoi !

Un très bel album, coloré, tendre et joyeux qui aborde sans fard le mal-logement, l'absurdité administrative et le mode participatif et solidaire.

Il en existe une lecture musicale.

madame hibou cherche appartement
Caroline dorka-fenech et Géraldine Alibeu
A pas de loups

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