d'ici, je vois la mer

Voici un album extrêmement touchant :
un double regard sur ce qui est visible au-dessus, la mer scintillante et apaisante et ce qui se joue en-dessous, les hommes mineurs extrayant le charbon dans la noirceur.

C'est un jeune garçon qui relate son quotidien : celle de sa famille dont le père descend chaque jour au fond, comme son père avant lui et son fils après lui. Comme un destin auquel on n'échappe pas. Le jeune garçon le sait : il s'emplit de la beauté du dessus, comme pour s'en faire une réserve.

"Je suis fils de mineur. Dans ma ville, c'est comme ça."

La narration, lente et contemplative, très en retenue, associée aux sensations que procure cet environnement naturel de toute beauté, est renforcée par la succession des illustrations, tantôt en pleine page, tantôt dans des carrés linéaires, aux couleurs grises, bleutées et noires. 

L'alternance du récit entre le dessus et le dessous n'en est que plus forte avec un implicite qui vous serre les tripes.

" Et tout au fond, sous la mer, mon père creuse pour trouver du charbon."

Il y a le temps volé à la mine en famille, quand on sait qu'elle peut vous prendre à tout instant. L'inquiétude est palpable dans ces pages mais aussi le bonheur d'être ensemble qu'il faut savourer coûte que coûte.
Il y a la mémoire du grand-père que le jeune garçon n'oublie pas lors de sa visite au cimetière.
Il y a l'amitié et les jeux d'enfants, face à l'immensité des flots.

Un bel hommage aux familles de mineurs avec une note de l'auteur en fin d'album, qui a reçu de très nombreux prix à l'étranger. Merci aux éditions Didier jeunesse de le porter jusqu'à nous.

Retrouvez la chronique du blog L'ïle aux trésors

d'ici, je vois la mer
Joanne Schwartz
Sydney Smith
Didier jeunesse

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