L'homme qui voulait rentrer chez lui

Une cité qui se vide de ses habitants.
Une cité qui va être réhabilitée en partie et détruite sur l'autre.
Le roman commence par un rêve éveillé dans ce décor.
Celui de Jeff qui habite là avec sa famille (et ses problèmes) et qui va devoir déménager au cours de cet été qui s'étale en monotonie.
Sauf que lui et son frère Norbert vont trouver un fugitif bien mystérieux dans leur cave. Il est poursuivi par un groupe d'hommes louches. Pas moyen de communiquer avec lui mais il fait confiance aux deux garçons. Ils vont le cacher, le nourrir, lui donner à boire et ils vont finir par saisir, du moins un peu, son intention, avec l'aide de deux autres jeunes de la cité. Ce secret va rapprocher les deux frères et découvrir chez l'autre des facettes insoupçonnées.

En parallèle, une autre histoire : celle de l'atelier d'écriture mis en place le samedi afin que les habitants puissent s'exprimer sur l'histoire de leur quartier, avant qu'une partie ne disparaisse à jamais. On sent là du vécu de la part de l'auteur qui, semble-t-il, y met beaucoup de lui-même. J'ai beaucoup aimé ce procédé de liberté qui permet à Jeff de mettre des mots sur l'inattendu qu'il vit et lui met de la pression. Comme une soupape.

Même si l'espace-temps est bien circonscrit, le lecteur ressent une sorte de lenteur dans ce récit à la première personne puisque c'est Jeff qui raconte. Comme toujours avec Eric Pessan, des rappels sont opérés avec ses précédents romans (personnages, situations,...). A condition de les avoir lus, cela donne à la fois une belle unité et un éclairage différent. Comme quand on oriente dans la lumière un objet transparent et qu'il donne une autre vision de la réalité en fonction de l'angle de vue qu'on lui assigne. 

Une écriture très cinématographique, qui rend très bien cet entre-deux, cette attente entre une vie qu'on laisse et une autre qui va advenir, avec ce lien fait par le biais de cet homme qui semble être plus extraterrestre qu'humain.

Du coup, j'ai un peu de mal à affirmer si ce roman a remporté mon adhésion, je suis moi aussi en flottement en le refermant, comme si ce roman avait fini par déteindre. Ce n'est pas une sensation inconfortable, pas du tout. C'est juste un questionnement sur une lecture qui laisse certes des traces mais sans trop pouvoir les définir.

A vous de vous faire une idée !

L'homme qui voulait rentrer chez lui 
Eric Pessan
Ecole des loisirs
Médium+

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