Zelda la rouge
A 10 ans, une voiture folle la percute et le conducteur prend la fuite. Sa grande sœur Julie, dite Jules (un vrai garçon manqué mais pas que...) la protège de tout depuis. Son obsession : se venger de celui qui a à jamais abîmé sa petite sœur, qui ne remarchera plus jamais. Si on ajoute que les deux sœurs n'ont pas connu leur père, que leur mère s'est jetée sous un train, lasse de la vie et de ce que lui ont fait subir les hommes, qu'elles ont vécu de belles années avec Mémène, leur grand-mère adorée mais pas éternelle, malgré le combat à mener pour Zelda, vous avez une petite idée pas très gaie il est vrai, mais seulement une petite, de ce que vous allez lire dans ce roman.
Quand on l'ouvre, Zelda vit sa vie de lycéenne, entourée de ses amis, Selim et Alix. Des amis choisis. La jeune fille a développé un sens aigu de l'auto-dérision sur son handicap et la vie tout court, et n'a pas franchement la langue dans sa poche. Zelda la rouge...Elle se destine à la politique.
Quant à Julie, c'est une écorchée vive : depuis la mort de leur grand-mère, elle se démène, prend tout en charge jusqu'à en oublier sa propre existence. Faut dire que travailler dans un hospice, ça ne rend pas forcément optimiste. Pour essayer de s'en sortir, elles ont ouvert leur maison laissée en héritage à une colocataire, Kathy, la cinquantaine. Une femme qui en a vu elle aussi. Bientôt un autre locataire, SDF, va les rejoindre : Jojo. Une bonne pioche. Il y a aussi Paul, le très vieux voisin, peintre amateur et philosophe à ses heures. Puis, très vite, Baptiste, un beau et ténébreux jeune homme va faire son apparition.
Quant à Julie, c'est une écorchée vive : depuis la mort de leur grand-mère, elle se démène, prend tout en charge jusqu'à en oublier sa propre existence. Faut dire que travailler dans un hospice, ça ne rend pas forcément optimiste. Pour essayer de s'en sortir, elles ont ouvert leur maison laissée en héritage à une colocataire, Kathy, la cinquantaine. Une femme qui en a vu elle aussi. Bientôt un autre locataire, SDF, va les rejoindre : Jojo. Une bonne pioche. Il y a aussi Paul, le très vieux voisin, peintre amateur et philosophe à ses heures. Puis, très vite, Baptiste, un beau et ténébreux jeune homme va faire son apparition.
Je m'arrête là pour planter le décor de ces tranches de vies que Martine Pouchain, l'auteure, a un don évident de rendre très vivantes : elle prend le temps de camper ses personnages, dans toutes leurs facettes, si bien qu'ils deviennent très vite familiers, voire indispensables, au lecteur. Les dialogues sont très relevés, percutants, tous les points sur les i sont là, pas de demi-mesure, ni de faux-semblant. Cet aspect-là du roman m'a réellement séduite : beaucoup d'humanité s'en dégage malgré la noirceur des situations. Il n'y a ni mièvrerie ni grossièreté.
La construction y est pour beaucoup : les chapitres portent les voix de Zelda et de Julie, mais pas d'alternance entre les deux. L'auteure les laisse dire ce qu'elles ont à dire. Un style d'écriture très personnel, où des mots sont même inventés, où les phrases sonnent sans fioritures. Martine Pouchain va à l'essentiel. On dirait qu'elle n'a pas le temps. La vie est trop courte pour ça. Et elle nous mène loin : les deux sœurs évoluent l'une par rapport à l'autre, différemment, mais toujours dans ce respect de l'amour fraternel. Si l'une a soutenu l'autre pour lui permettre de se reconstruire, c'est au tour de l'autre, dans une maturité étonnante, de l'aider à passer le cap du pardon. Car c'est bien de ça qu'il s'agit : le lecteur est finalement comme Julie, il veut savoir qui a fait ça. L'auteure arrive très bien à assouvir cette part de voyeurisme que nous avons chacun au fond de nous. Soyons honnêtes. Mais Zelda va plus loin : "Je tâche juste qu'elle y voie un peu plus clair entre la haine qui fausse tout et l'amour qui enjolive tout" (p. 241). Elle ne dit pas que le pardon est facile, elle dit que c'est possible. L'acceptation de son handicap, même si certains aspects la laisse encore sans réponse sur l'avenir, lui a permis d'ouvrir au fond d'elle ce chemin intérieur qu'elle cherche à tout prix à partager avec sa sœur qui l'a tant soutenue, comme un juste retour des choses.
La construction y est pour beaucoup : les chapitres portent les voix de Zelda et de Julie, mais pas d'alternance entre les deux. L'auteure les laisse dire ce qu'elles ont à dire. Un style d'écriture très personnel, où des mots sont même inventés, où les phrases sonnent sans fioritures. Martine Pouchain va à l'essentiel. On dirait qu'elle n'a pas le temps. La vie est trop courte pour ça. Et elle nous mène loin : les deux sœurs évoluent l'une par rapport à l'autre, différemment, mais toujours dans ce respect de l'amour fraternel. Si l'une a soutenu l'autre pour lui permettre de se reconstruire, c'est au tour de l'autre, dans une maturité étonnante, de l'aider à passer le cap du pardon. Car c'est bien de ça qu'il s'agit : le lecteur est finalement comme Julie, il veut savoir qui a fait ça. L'auteure arrive très bien à assouvir cette part de voyeurisme que nous avons chacun au fond de nous. Soyons honnêtes. Mais Zelda va plus loin : "Je tâche juste qu'elle y voie un peu plus clair entre la haine qui fausse tout et l'amour qui enjolive tout" (p. 241). Elle ne dit pas que le pardon est facile, elle dit que c'est possible. L'acceptation de son handicap, même si certains aspects la laisse encore sans réponse sur l'avenir, lui a permis d'ouvrir au fond d'elle ce chemin intérieur qu'elle cherche à tout prix à partager avec sa sœur qui l'a tant soutenue, comme un juste retour des choses.
C'est un roman sur le tourbillon de la vie, sur l'acceptation que rien n'y est jamais acquis d'avance et que malgré tout, il faut avancer. Un beau roman aussi sur des relations humaines franches, sincères et solidaires. Se dire les choses aussi quand il faut les dire...
J'espère seulement que Zelda existe dans la vraie vie, parce que j'aimerai bien la rencontrer...
Une très belle lecture qui donne simplement confiance en la vie...
Zelda la rouge
Martine Pouchain
Sarbacane
Collection Exprim'
wa ! quelle belle chronique ! Voici la mienne qui malheureusement n'arrive pas à la hauteur de la tienne ! --> http://blogjeblo.wordpress.com/2013/12/22/zelda-la-rouge/
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