Sucrer les fraisesđ
Deux fils narratifs s’entremĂȘlent dans ce premier album d’Odile Hennebert, ce qui en dĂ©cuple la charge Ă©motionnelle. Pour ma part, il me secoue Ă chaque lecture car il me renvoie Ă chacune de mes grands-mĂšres qui ne sont plus lĂ .
Le
fil des illustrations trÚs épurées, et qui lu indépendamment du texte,
montre le temps qui passe autour de la cueillette des fraises, de leur
préparation en confiture, en tartes, pique-nique, lessives, et donc
partage au fil du temps entre générations dans le retour immuable des
saisons.
Le fil du texte lui pose une autre réalité : celle de
femmes et d’hommes anonymes en maison de retraite. Ce n’est pas dit
comme ça. Ce sont leurs petites phrases sur leur quotidien qui mettent
le lecteur sur la voie. Des toutes petites phrases mais ĂŽ combien
bouleversantes : elles disent leur solitude, leur envie de réconfort
humain, le refuge des souvenirs, l’envie de fuir, le poids de la
vieillesse, l’infantilisation Ă leur Ă©gard. Tout ça. Et ça vous fiche un
uppercut en plein cĆur. Et ça les rend si incroyablement prĂ©sentes.
C’est ma grand-mĂšre, ou la vĂŽtre, ou moi-mĂȘme dans quelques annĂ©es. Des
voix uniques et universelles.
Un album qui dit la fragilité de
nos vies dans ce mélange de deux fils qui se font écho : la temporalité
est ainsi affranchie du temps lui-mĂȘme.
Comme le fil d’une vie qui
passe si vite et si lentement Ă la fois. Enfance et vieillesse se
rĂ©pondent lĂ aussi dans leurs impatiences et c’est trĂšs beau ce pont
entre deux ùges de début et de fin.
En plein cĆur ♥️
đPour petits et grands nous dit la 4Ăšme de couverture…..đ
Sucrer les fraises
Odile Hennebert
Cotcotcot Ă©ditions
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Votre p'tit avis, c'est ici...merci !