Toute la vie pour réussir

Clément, élève en SEGPA précise le titre.

Clément est en CM2 et cela fait un moment qu'il n'arrive plus à suivre à l'école. La maîtresse alerte donc les parents : il ne pourra pas intégrer une 6ème "classique". Il est proposé de l'orienter en classe SEGPA. Pour ses parents séparés, c'est difficile à admettre, surtout pour son père. Sa maman y voit plutôt une solution qui faciliterait leur quotidien car les devoirs sont devenus un enfer qu'elle gère seule et elle n'en peut plus. Clément, lui, regarde cette solution de loin : tout ce qui concerne l'école ne le touche plus guère, c'est un monde si inaccessible pour lui alors que sa sœur y excelle. Lui, son truc, c'est le saxophone et jouer dans l'orchestre dirigé par son père. Là, pas de difficultés pour lui. C'en est incompréhensible. Mais perdre ses copains, ça non, Clément se rebelle...en silence. Car ce changement implique pour lui d'intégrer un autre collège.

Il va finalement visiter ce collège qui lui fait plutôt bonne impression et va accepter de faire sa rentrée dans cette classe adaptée mais si stigmatisée.  Peu à peu, c'est un autre Clément : dans une classe de 12 élèves, intégrée aux autres 6èmes, il s'aperçoit qu'il peut suivre, du moment que les adultes prennent le temps et se mettent à son rythme. C'est justement le cas dans cet enseignement. Il va se faire des nouveaux copains, une amie anglaise aussi et la confiance revient. Il va affirmer aussi ses émotions face à ses anciens copains méprisants, revoir son jugement que lui aussi peut parfois porter sur les autres, et s'épanouir.

C'est un roman important que celui-là : il montre une réalité si peu montrée. Oui, chacun a sa place dans l'école et il existe des dispositifs inclusifs.Ils sont souvent montrés du doigt car peu connus. L'autrice Sophie Bénastre a réussi a englober la dimension scolaire et familiale mais aussi celle du regard extérieur.

J'ai bien aimé ce titre qui rappelle combien une vie d'écolier/de collégien... ne prédestine en rien de l'avenir. La construction du roman aussi est judicieuse : tant que Clément doute sur cette intégration, chaque fin de chapitre utilise l'acronyme SEGPA dans des phrases exprimant ses craintes et ses peurs. Cela permet de renvoyer aussi aux préjugés sur cette section. Chaque chapitre résume aussi en quelques lignes simples le chapitre précédent, le rendant ainsi plus accessible à des niveaux de lecture différents.

C'est un roman qui met le doigt sur une réalité vécue par beaucoup d'élèves et qui permet de lever un certain nombre de tabous sur les difficultés d'apprentissage, avec beaucoup de réalisme et d'optimisme. Et qui rappelle surtout que chacun a : "TOUTE LA VIE POUR RÉUSSIR."

Un roman-témoignage qui constitue une belle leçon de tolérance. 

Toute la vie pour réussir : Clément, élève en SEGPA
Sophie Bénastre
Oskar

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