Derrière la porte

Derrière la porte, c'est un dialogue entre un père et sa petite fille qui commence par une invitation à diner sur un ton pour le moins inhabituel car très policé. Le lecteur se place d'emblée sur le registre du conte mais très vite, le père se replace dans le temps présent alors que la petite fille continue sur le même niveau, celui de la distance polie. Le père entre dans son jeu et finalement, le lecteur apprend le fin fond de cette punition. Car Manon est punie pour une bêtise et finalement, elle décide de venir manger avec son papa dans une réconciliation pleine de connivence.

Qu'il est tendre et bien vu cet album ! Sur la punition et son entêtement qui en découle souvent. Comment s'en sortir ? Comment amener l'enfant à accepter de baisser les armes ? Sans humiliation supplémentaire mais dans le respect de sa personne.

J'ai beaucoup aimé ce double registre : celui de la princesse assiégée mêlée au déroulé du quotidien. Ce papa sait si bien désamorcer ce moment par sa patience et sa malice : par ce jeu de part et d'autre de la porte avec sa fille et en entrant dans son monde par petites touches, il touche à sa corde sensible en lui laissant l'initiative. L'allusion au conte et à l'imagination rêveuse des enfants sont aussi fort bien amenés car ils sont comme un refuge pour cette petite fille, agressée par le monde extérieur.

Arnaud Tiercelin sait y faire dans l'imaginaire et sa sensibilité trouve là un bel écrin : les illustrations de Baptistine Mésange sont d'un mouvement si doux, si aérien !  Les couleurs estompées sur fond blanc renforcent cette tendresse qui émane de ces pages.

Un album vraiment réussi et qui transpire d'amour avec une porte au milieu finalement pas si infranchissable ! 

Derrière la porte
Arnaud Tiercelin et Baptistine Mésange
Frimousse

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