Méli-Noël # 4 : Kodhja

Après le magnifique "La bulle", on reste dans la force de la métaphore avec cet album, à mi-chemin entre l'album graphique et la bande dessinée. Une proposition hybride où là encore texte et images se subliment l'une et l'autre dans un ballet sans cesse renouvelé.

J'ai dû le relire plusieurs fois tant il est nécessaire de décrypter ce qui est donné à lire et à voir. A la première lecture, la chute m'a laissée sans voix. Je me suis en effet laissée prendre au "piège" en quelque sorte. Le relire immédiatement s'est imposé avec le besoin impérieux de ne pas laisser échapper les nombreuses références semées ça et là, ainsi que les non-dits dont on perçoit la présence sans vraiment les voir au début, tant on est subjugué par l'objet lui-même. On se dit qu'on tient là un album qui va compter. Et pour longtemps.

Un jeune garçon pénètre dans la cité de Kodhja. Beaucoup de marche pour le mener jusque là avec l'obsession de rencontrer le Roi. Il est persuadé que lui seul pourra répondre à ses questions. Il n'est pas le premier à s'être risqué dans cette cité fabuleuse. Mais quelle n'est pas sa surprise quand il découvre que la cité n'est autre qu'un immense labyrinthe ! Découragé, il sera pris en mains par un drôle d'enfant très énigmatique qui va le guider dans cette cité aux multiples visages. Eux-mêmes changent de visage au fur et à mesure de leur progression, le garçon va affronter ses peurs,  faire preuve de courage et d'intelligence. Bien plus qu'il n'aurait pu le croire au début. Il va grandir. Et sa déception à la rencontre du Roi n'aura d'égal que sa confiance en la vie désormais acquise.

Je dirais presque que cet album est d'abord un album pour adultes : pour leur rappeler combien ils ne doivent pas renier l'enfant qu'ils ont été...et qu'en le lisant à leurs propres enfants, c'est plus qu'une nécessité qu'ils pourront alors leur transmettrent. Pour qu'à leur tour, ils puissent vraiment se l'approprier.

La page intitulée "Générique" est d'une force extraordinaire : une seule page suffit pour ramasser cette quête initiatique en un seul message : celle de l'enfance perdue mais terreau de toute une vie.

Le texte de Thomas Scotto est d'une sensibilité profonde : il réussit le pari à faire progresser le lecteur en même temps que son personnage et à lui faire ressentir ses propres émotions, souvent bouleversantes. Les illustrations de Régis Lejonc, dans ces grandes vignettes, aux couleurs chaudes et mates, apportent une complémentarité singulière et remarquable.

Un Grand album, assurément.
Déjà un classique.

Coup de cœur !

91ème album pour le Challenge je lis aussi des albums 2015

Kodhja
Thomas Scotto et Régis Lejonc
Thierry Magnier

Commentaires

  1. Je reviens de Montreuil avec ce sublime album... et la dédicace de Lejonc... Hâte de m'y plonger...!

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  2. Et moi j'ai hâte de rencontrer l'auteur avec mes petits pilotes-de-stylo-fluo-crayon-à-papier !

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