Mon père n'est pas un héros
Fukushima, on en entend toujours parler. Mais juste parler. Au même niveau que n'importe quelle autre information dont les médias nous abreuvent.
Ce court roman est une lettre : sobre mais poignante. Pas un cri de colère, pas de révolte, mais un besoin mûri de mise au point.
Noriaki est un adolescent de 14 ans et il décide, un an après le drame, d'écrire au Président de la TEPCO, la société qui gérait la centrale nucléaire au moment des faits.
Il y relate sans concessions et avec dignité tout ce que lui et sa famille ont vécu après : son père, ingénieur, a décidé de se porter volontaire, avec des centaines d'autres, pour refroidir les réacteurs explosant les uns après les autres au péril de leur santé et de leur vie.
Il y a d'abord la nouvelle du tremblement de terre, puis du tsunami. Et l'attente. Le coup de fil qui arrive enfin avec sa voix au téléphone. Puis la fureur contenue à l'annonce de sa décision de rester. Une soumission toute japonaise. Puis à nouveau l'attente, une famille accrochée à la télévision. Et très peu de nouvelles. Puis enfin, le retour du père au sein de sa famille. La joie des retrouvailles, l'envie de vivre "comme avant". Sauf que la radioactivité mettra six mois à le terrasser.
La lettre est émaillée de souvenirs des temps heureux, dans ce Japon à la culture si policée. Une lettre où tout est dit : la vie des hommes ne vaut pas d'être vécue si elle est soumise à la loi du sacrifice à tout prix. Une lettre d'une grande maturité qui termine par ces mots : mon père a été une victime comme tant d'autres, et pas un héros comme on voudrait nous le faire croire. La fin ne justifie pas les moyens.
Une lettre comme un cri silencieux mais qui est plus forte que n'importe quel discours. Elle aussi, elle emporte tout son passage. Elle ébranle les consciences. Sa portée est encore plus forte que n'importe quelle violence du fait même de sa noblesse.
J'apprécie que la littérature jeunesse s'empare aussi de sujets graves de société. Qu'elle fasse rêver, qu'elle fasse rire, qu'elle fasse s'évader mais qu'elle fasse réfléchir aussi.
Ce roman sort aujourd'hui dans l'excellente collection Court-Métrage chez Oskar jeunesse.
Mon père n'est pas un héros
Christophe Léon
Oskar jeunesse
Collection Court-Métrage
il a l'air bien ce roman ! Je suis d'accord avec toi sur la littérature jeunesse qui s'empare de ces sujets graves... Merci aux auteurs et à Oskar qui osent !
RépondreSupprimerun titre qui sort de l'ordinaire pour un sujet bien délicat et indispensable, je note, merci!
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