N'y pense plus, tout est bien
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L'alcool en aversion et pour cause !
La musique de Bob Dylan comme thérapie pour Martin.
Dont une des chansons donne le titre de ce roman.
Voici deux des ingrédients essentiels du nouveau roman de Pascale Maret.
Martin Villebois-Maury a 13 ans lorsqu'il assiste au meurtre de sa mère, de sa grande sœur Laure et de son frère adoré Lucas par son père, un soir de "répit" dans l'ambiance familiale lourde, où les membres fêtent incrédules, l'annonce du père d'un voyage tant convoité aux Etats-Unis. C'est pourtant l'alcool qui va sauver Martin de la folie meurtrière de ce père, introuvable après bien des recherches. Les années qui suivent, Martin les vit dans une sorte de nébuleuse cauchemardesque : anorexie, cauchemars, aversion de l'alcool, manque de confiance en lui seront alors ses seuls compagnons. La majorité va lui permettre d'accéder aux archives familiales. Et là, un doute s'insinue. Il décide de partir à la recherche de ce père haï, sans trop de plan pré-établi. Il y met tout son héritage pour financer ce voyage à l'autre bout du monde, en Patagonie, en compagnie de Bob (fan de Bob Morane), un détective privé noir qu'il a contacté à l'insu du commissaire bien impuissant de l'affaire, qui avait alors défrayé la chronique. En compagnie d'un argentin interprète nommé Alberto, ils vont vivre une aventure humaine hors du commun, dont je me garderais bien de vous révéler l'issue.
D'emblée, l'auteure verse le lecteur dans l'horreur de ce drame familial qui fait penser à bien des familicides qui régulièrement font la une des médias. De ces pères acculés dans leurs mensonges, malades, et qui suppriment sans états d'âme leur famille ignorante de leur manipulation.
Martin en réchappe, mais à quel prix de souffrances, à un âge où on se construit et où le père devrait normalement protéger ? Puis vient l'envie de savoir, non pas de se venger : est-il toujours vivant ? Et qu'attendre de cette confrontation si elle a lieu ?
On admire la détermination de ce jeune homme tout juste majeur, pourtant affaibli physiquement et mentalement. Ce road-trip en compagnie de deux hommes mûrs, mis sur son chemin par les hasards de la vie, l'un père et l'autre pas, va lui apporter la force nécessaire à son voyage intérieur. La monotonie des paysages renforce encore ce sentiment de solitude extrême dans lequel se trouve Martin. Heureusement que la musique de Bob Dylan, la seule qui ait pu l'apaiser durant ces années, lui apporte réconfort et un lien avec son grand-père disparu. On s'amuse d'ailleurs de la présence de tant de Bob dans cette histoire !
Comme toujours, Pascale Maret maîtrise son sujet : on se dit d'emblée qu'elle connait ces paysages, qu'elle a elle-même fait la route. Rien n'est laissé au hasard.
J'ai trouvé l'écriture de ce roman presque mécanique et froide, comme pour être en parfaite résonance avec la cassure intérieure de ce garçon, auquel on s'attache inévitablement.
La fin aussi ne pouvait pas être autrement, bien que j'ai eu des craintes à un moment. Je pense même que j'aurais été en colère si la fin avait été autre que celle choisie par l'auteure.
Il y a aussi dans ce roman de beaux portraits masculins, faits de pudeur et de sensibilité mêlées, dans des dialogues fins et protecteurs, sans étouffer ce jeune homme en quête affective de modèles.
"N'y pense pas, tout est bien" : en tous cas, on souhaite à ce jeune homme, après ce qu'il a vécu, de pouvoir vivre sa vie, enfin, débarrassée de ses démons, si tant est qu'il puisse complètement les éradiquer.
Un roman qui pose des questions essentielles : toute vérité est-elle bonne à rechercher ? A quel prix ? Comment se re-construire alors ?
Un roman qui assouvi aussi ce besoin de voyeurisme que nous avons tous en nous, bien qu'on s'en défende souvent.
En tous cas, il donne envie de ré-écouter du Bob Dylan.
Voici la chanson du titre : Don't think twice it's alright
N'y pense plus, tout est bien
Pascale Maret
Thierry Magnier
Existe aussi en version numérique
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