Amour, quand tu nous tiens !

Deux romans très forts sur le sentiment amoureux mais au dénouement bien différent avec , 
dans l'un, le point de vue du jeune homme 
et dans l'autre celui de la jeune fille, 
sur cette difficulté à formuler ses sentiments pour l'autre.

Même pas peur : on pourrait penser que le titre signe l'audace, l'envie d'aller au-delà de ses limites. D'une certaine façon, oui.
Deux garçons et une fille : Stephan et Phil et surtout la belle Mica. Imprévisible et mystérieuse.

Sur cette Ile d'Yeu sauvage où ils passent depuis longtemps leur été ensemble, la jalousie de Stephan vis-à-vis de Phil l'enserre tel un étau. Il s'imagine que Mica et Phil sont amoureux, et que lui va rester à l'écart, alors qu'il brûle d'un amour flamboyant pour elle, depuis longtemps, sans jamais avoir osé le lui dire. Il se met en danger en permanence, se lance des défis sportifs comme pour mieux étouffer ce désir qui le ronge et le dépasse.

A travers Stephan, le lecteur est plongé dans le désarroi du sentiment amoureux qui n'ose dire son nom, dans cet espace difficile à vivre du non-dit et de la souffrance qu'il engendre. On est tous passé par là à un moment de notre vie : avoir peur du trop tard. La dimension est encore plus aiguë à l'adolescence, ce territoire de tous les possibles.
Un roman très juste et qui pour une fois nous fait vivre ce dilemme du point de vue masculin.


Un grand merci à Ingrid Astier pour sa si belle dédicace.


A ma source gardée : un titre qui va comme un gant à cette histoire d'une sensualité et d'une sensibilité qui vous laisse sous le choc dès la lecture terminée.

Jeanne, lycéenne, passe tous ses étés dans le village de sa grand-mère. Elle  y retrouve une bande d'amis qui a ses habitudes et en grandissant, l'envie de se confronter aux sentiments qui affleurent et se devinent entre eux. Et puis, il y a  Lucas qui s'est joint au groupe. Le beau Lucas. Jeanne et Lucas ont la même sensibilité à fleur de peau, une nostalgie au bord des lèvres. Et là, Jeanne tangue, tombe, glisse avec délice dans le bonheur des corps en harmonie. Sans que rarement un seul mot ne soit prononcé entre eux. Elle n'en attend que deux, Jeanne, mais ils ne viennent pas. L'été suivant, elle comprend ou plutôt elle ne comprend pas. C'est la béance d'un amour qui se perd avant même d'avoir pu s'épanouir.

Je ne dis pas tout de l'intrigue. J'ai envie de rester à la fois à la lisière et à la profondeur des sentiments décrits par une plume si sensible, si réaliste, si juste, si forte.

Un roman sur le point de vue d'une jeune fille sur la naissance de son premier amour mais non-partagé, celui qu'on n'oublie jamais car il vous ouvre les portes de cet inconnu, beau et terrible à la fois. 

Un très beau texte, plein, entier, où tout est dit, sans fioritures sur ce qu'il y a de plus intime.

De cette auteure-libraire, j'avais déjà beaucoup aimé : L'été de Léa.

Même pas peur
Ingrid Astier
Syros
Existe en version numérique

A ma source gardée
Madeline Roth
Thierry magnier

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