Ma mère à l'ouest
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Un roman qui m'a été envoyé par une copinaute Céline du blog Qu'importe le flacon pourvu qu'il y ait LIVREsse.
Un très joli paquet plein de belles attentions.
Un roman d'Eva Kavian dont nous avons déjà partagé ensemble plusieurs lectures LA.
Un roman détonnant, en plein dans l'actualité et qui aborde un aspect de la société actuelle.
Un roman qui ne laisse pas indemne comme se plait non sans franchise crue à avertir l'auteure dans une note au début du livre.
Un roman à la construction en tranches et qui renvoie chacune à une mère du moment : les tranches de vie de Samantha, entrecoupées par quelques pages sur ce qu'elle vit, du choix qu'elle à faire. Une grossesse non désirée et la peur de faire vivre à son enfant ce qu'elle a vécu elle. Cela donne au roman un autre éclairage et permet de suivre son évolution. S'ajoutent des références à des moments historiques rapportés à des moments vécus par l'héroïne, une façon de monter que nos petites histoires personnelles se vivent en parallèle de la grande Histoire.
Elle est la fille de Betty, débile mentale. Et voilà. Le mot est lâché. Une grossesse non désirée là aussi. Jusque l'âge de six ans, elle va vivre avec sa mère. Une vie remplie de gestes appris à la lettre, une vie pourtant remplie de l'amour d'une mère à sa fille. Seulement, il y a le regard de la société. Et la société a un regard qui ne s'accommode pas de la différence pour le soi-disant bien-être de l'enfant. Samantha va donc être retirée du jour au lendemain à sa maman, sans explication pour l'une et l'autre, ou si peu. Quand les petits arrangements avec sa conscience sont les plus forts. A partir de ce jour et jusqu'à son émancipation à 16 ans, Samantha va être ballotée de familles d'accueil en familles d'accueil. Elle n'est qu'un paquet qu'on prend, qu'on laisse selon ses envies du moment. Elle va même vivre des choses très affreuses où son intégrité de personne n'est même plus respectée. Elle va finir par se forger une carapace, se réfugier dans les études, se perdre dans une sexualité effrénée. Jusqu'aux retrouvailles avec sa maman qui vit dans un centre, où elle a trouvé un équilibre renforcé par sa fille enfin là. Samantha va recoller les morceaux de sa vie, accepter cette vie qui grandit en elle et toucher du plus profond de son être à l'essence même de l'amour maternel. Une question lancinante néanmoins : pourquoi ne les a-t-on pas accompagnées ensemble, elle et sa maman ?
Un roman qui dévoile un tabou de notre société : le handicap mental et comment on le cache et comment on le nie. De quel droit la société s'arroge-t-elle le droit de quantifier l'amour d'une mère ? C'est un roman sans concessions, qui dit les choses, parfois crûment mais qui les dit. Avec une belle dose de dérision sur la nature humaine mais aussi d"humanité sur des personnes certes différentes mais qui ont le droit d'être respectées.
Me sont revenus des visages lors de cette lecture : ils se sont superposés à ceux des personnages. Dans un poste précédent, j'intervenais avec une ergothérapeute en hôpital psychiatrique toutes les semaines où j'apportais des livres et nous avions mis en place un atelier de lecture à haute voix. J'ai vécu là des moments extraordinaires, de vraies rencontres, de partage, de sourires, par-delà la souffrance toujours palpable. Des priorités différentes aussi.
Merci à Betty et à Samantha, et merci à vous Mme Kavian. Et merci Céline.
Ma mère à l'Ouest
Eva Kavian
Mijade
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