La fille seule dans le vestiaire des garçons

Réfléchir aux conséquences de ses actes, tel pourrait être le sous-titre de ce roman.

Un baiser, tout commence par un baiser d'Enzo, le beau gosse du collège. Toujours accompagné de sa bande, il tente de séduire Marion, toujours aussi maladroite avec les garçons. Il lui semble répéter la malchance de sa propre mère : un mari qui l'a quitté sans prévenir au bout du monde et qui, depuis, multiplie les mauvaises rencontres. Une fatalité pour les filles de la famille ?

Mais l'histoire ne s'arrête pas là : un baiser volé et un coup de pied mal placé en réponse va faire de la vie de la jeune fille un enfer. Enzo a promis de se venger. Et la vengeance va prendre le visage d'un coup monté dans lequel la jeune fille va tomber les yeux fermés. Une vidéo compromettante va circuler dans tout le collège. Marion a la rage. Une rage sourde, qui gonfle, qui enfle, qui la submerge. Contre elle d'abord et puis les autres. Ceux qui lui ont fait ça. Elle se retrouve dans le vestiaire des garçons pour un plan pas très glorieux et dont les conséquences risquent d'être terribles pour elle. Heureusement, il y a la guitare au Conservatoire, son don pour le chant, et son petit frère Barnabé si bavard mais si perspicace. Le seul garçon qui trouve grâce à ses yeux (et on la comprend !). Sauf que sa propre vengeance risque de se refermer sur elle comme un étau...

Un roman fort sur le harcèlement entre adolescents : plus on avance dans la lecture et plus on suffoque. On se dit que non, ce n'est pas possible, ça va s'arrêter là. La tension n'en finit pas de monter. On assiste impuissant à cette dérive, au gouffre psychologique dans lequel tombe Marion, jusqu'à ce niveau de haine sans retour possible ? Le paroxysme est atteint très peu de pages avant la fin du roman où la bêtise laisse la place à la violence gratuite pour une question d'honneur, comme dans les faits divers dont on entend parler. Sauf que là, on  le vit vraiment de l'intérieur et ça fait froid dans le dos. Délibérément, je ne dirais rien sur la fin.

L'auteur montre très bien ces mécanismes de harcèlement entre adolescents mal dans leur peau, incapables de trouver chez les adultes l'aide dont ils auraient besoin. D'emblée, je me suis placée du côté de Marion, même si son désir de vengeance m'a aussi beaucoup effrayée. Quand rien ne semble pouvoir arrêter l'escalade : poignant et terrifiant.


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La fille seule dans le vestiaire des garçons
Hubert Ben Kemoun
Flammarion

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