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Affichage des articles du avril, 2020

Le livre des erreurs

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Tout part d'un dessin sur une double page blanche et d'une tache malvenue... ...Qui se transforme au gré des tentatives plus ou moins réussies et emmène loin le lecteur dans un foisonnement d'imaginaire et de créativité incroyables ! Pourtant cet album se situe dans la sobriété : économie du choix des couleurs (noir, jaune, vert, rose pâle), économie du texte qui laisse une part belle aux possibles. Sa véritable performance se situe en fait dans la lecture de l'image :  le lecteur se laisse emporter par ce mouvement de vie, par le changement de regard induit sur les choses, sans dramatiser. Car oui une erreur peut se transformer en positif !  Preuve en est : ce livre qui est parti d'une tache non voulue donne un magnifique album dont la perspective (en image) de la chute est sublime.  Beaucoup de légèreté... Beaucoup de poésie...  Je remercie #HastagCéline de me l'avoir offert ! Je serais passée à côté... L

Tenir debout dans la nuit

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D' Eric Pessan , je pense avoir lu une grande partie de ses romans et force est de constater qu'il sait toujours aborder les sujets de société avec un prisme toujours original et profond. Lalie, 16 ans,  rêve depuis longtemps d'aller à New York, de ces rêves que l'on sait pour longtemps inaccessibles. Alors quand Piotr, un ami de sa classe et qui la connait depuis longtemps, lui propose de l'y emmener avec sa mère, elle n'hésite pas. Le plus difficile a été de convaincre sa propre mère, et de payer son billet d'avion. Mais ça, elle y  est arrivée ! Seulement le rêve se transforme vite en cauchemar : on ne connait jamais vraiment les êtres  et il y a des choses qu'on ne peut accepter. Lalie se retrouve seule dans la nuit de New York alors qu'elle vient de débarquer le matin même, sans portable, sans argent, sans passeport. Commence alors pour elle un chemin fait de doutes, de colères, de rencontres, de  réflexion sur le sort fait aux femmes

Fraternidad

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Lorsque j'ai commencé ce roman de plus de 600 pages, j'étais loin d'imaginer où il m'emmènerait !  Et j'ai adoré ce voyage plein de surprises et c'est peu dire.... Il est quasiment impossible d'en faire un résumé tant il foisonne de rebondissements allant crescendo pour une fin en apothéose et frissonnante !  Juste dire que le lecteur rencontre dans ces pages des êtres fort singuliers et notamment un certain Ed Perry, harcélé par la bande de Cliff, vivant avec une mère démisionnaire depuis le départ de son mari et une soeur pour le moins indifférente à son sort.  Sauf que Ed a une botte secrète pour s'évader de ce quotidien sordide : tous les vendredis soir, il chevauche dans la bruyère et va revêtir son costume de chevalier avec épée et tout l'attirail. C'est sa seule échappée qui lui permet de supporter le réel. Sauf que l'Aventure va le cueillir au bout du chemin, pas tout à fait comme il l'aurait souhaité au début, ma

Et le désert disparaitra...

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Je reste dans la même thématique que l 'album présenté en début de semaine et c'est dans un tout autre registre que je découvre Marie Pavlenko (dont j'ai lu les précédents romans ). Une incursion dans la dystopie : un monde de nomades en mode survie dans le désert que le lecteur découvre. Une tribu archaïque, dans laquelle les femmes sont reléguées au rang de vie domestique, alors que les hommes eux sont des chasseurs à la recherche de cette seule ressource qui leur permet de survivre : les arbres disparus et le bois qui sert de monnaie d'échange.   Dans cette tribu vit Samaa qui a bien du mal à se faire à cette vie de fille assignée aux tâches ingrates. Elle aussi veut devenir une chasseuse. Et ce n'est pas la peur de l'Ancienne, reléguée à la frontière de la communauté pour mourir (les vieux sont un poids) et ses prophéties pleines de mystères qui vont la dissuader. Un jour, elle suit les chasseurs et le sort de la tribu va changer à jamais. C

Le destin de Fausto : une fable en images

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Cet album d' Oliver Jeffers , sorti début mars, a une résonance toute particulière avec ce que nous vivons depuis mi-mars. Le sous-titre, fable en images, le ferait juste "mentir" un peu. Vous n'aurez aucun mal à imaginer : " Il était une fois un homme qui croyait que tout lui appartenait. Un jour, il décida d'aller faire l'inventaire de ce qui était à lui." Ainsi débute cette histoire. C'est ainsi qu'avec autorité il s'approprie la fleur, le mouton, l'arbre, le lac, la montagne qui résiste un peu mais face au "patron" finit par céder elle aussi. Mais il lui en faut toujours plus, vous vous en doutiez ? C'est ainsi qu'il veut posséder l'océan qui lui a les arguments et sait jouer sur la bêtise humaine. Le titre va prendre alors toute sa signification. Cet album, à la mise en scène minimaliste, est très fort ans son message. Les pages, plusieurs fois restées blanches, participent fortement à

Esperluette

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J'ai lu ce roman bien avant le confinement et j'ai eu besoin de le laisser reposer un peu... Je suis bien contente du coup de le chroniquer la même semaine que celui dont j'ai parlé en début de semaine. Quoique différents, ils ont un point  commun : celui de l'amitié entre deux enfants, devenus ados inséparables. Dans Esperluette, c'est une lettre qui nous est donnée à lire : celle de L à J. Et un signe qui les relie : L & J. Elle est revenue sur les lieux de leur enfance et adolescence et elle se souvient : de leur rencontre, de leur complicité, des 400 coups aussi, de l'éloignement parfois de l'un au détriment de l'autre, des mots inutiles de se dire car on se comprend, des questions au bord des lèvres mais qu'on ne pose pas car il n'y aura pas de réponse. Et puis le drame. Et puis les mensonges. Et puis la nouvelle vie. Avec ce poids. Cette culpabilité. Doublé d'une enquête policière, ce court récit, comme touj

A tire d'elle -1973

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Enfin, un roman ado qui parle de mon époque ! J'étais pourtant très jeune en 1973 (pré-ado dirait-on aujourd'hui...) mais j'ai retrouvé l'ambiance de ma jeunesse, sans réseaux sociaux, sans portable, sans   peur de sortir le soir.... mais aussi avec les mêmes préoccupations et occupations que les ados d'aujourd'hui : l'avenir, la première fois, la musique, la famille, l'alcool, la drogue, les relations avec les parents, le lycée, les profs,...! Car oui parfois je trouve qu'on en fait un peu trop sur les ados de maintenant : nous avions les mêmes hormones que je sache :) Pascal Ruter dépeint dans ce roman la vie d'une petite ville de province en 1973. C'est Solweig qui raconte : elle va entrer en seconde mais pas Valentin, son ami de toujours, qui lui va suivre une formation d'apprenti mécanicien et va fonder un groupe de rock et s'entrainer à des courses cyclistes. Ils vont alors se trouver des moments pour ne pas se p

Rien que toi

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Voici un album tendresse qui, en ces temps de confinement, pendant lequel parents et enfants se retrouvent H24 ensemble, peut permettre de se rappeler ce qui nous lie dans ce lien familial essentiel.  Dans des grands aplats de double page, à la douceur incroyable, lors d'une promenade au parc, petit ours interroge sa maman sur sa singularité : "Est-ce qu'il y a d'autres ours comme moi ? demanda Alfie Ourse. "Pas comme toi, non, répondit maman Ourse,. Il y a toi et moi, avec ta sœur, ça fait trois, mais il n'y a pas deux ours comme toi." Ce type de questions peut surgir n'importe quand, n'importe où mais quand elle est posée, elle est souvent capitale. La promenade se poursuit, et à chaque page, la maman rassure et conforte son petit ours, qui lui souligne alors son autonomie acquise dans son langage, sa psychomotricité, ses émotions. Tout ce qui fait l'acte de grandir et de changer en toute sérénité, car rassuré par l'