C'est un secret

Il pleut et un frère et sa grande sœur tuent le temps, le premier devant la télévision et la seconde sur sa console.
Ils sont dans la même pièce mais comme absents l'un à l'autre.
Scène de vie ordinaire de nos jours, des enfants devant des écrans.
Sauf que le petit garçon réagit face aux images animalières qu'il voit et suggère à la grande d'adopter tour à tour chaque animal.
La grande rétorque mécaniquement dans une belle indifférence l'impossibilité de ces rêves -là.
Ils s'entendent sans vraiment s'écouter. L'agacement surgit sous la forme d'une violence ordinaire elle aussi dans une fratrie : la grande tape le petit. Et c'est le déclic : sa façon de s'excuser est d'entrer dans la ronde imaginaire du petit et de surfer avec lui sur la vague de ce jeu peuplé d'animaux comme une arche de Noé. 

D'emblée, cet album m'a beaucoup plu, dès sa première lecture : il émane de ses pages une force suggestive très bien rendue par la mise en page : alternance de pages presque vides et blanches et d'autres pleines de mouvements et très colorées, puis remplacées à la fin par le foisonnement sans fin de cet imaginaire enfantin, dans une surenchère de propositions convoquées à tour de rôle par les deux enfants. Une joie communicative en ressort , symbolisée par leurs sourires et les corps détendus, voire repus.

Le jeu sur les deux fenêtres, au début et à la fin du livre, la même à vrai dire mais qui laisse voir deux visions, une tournée vers l'intérieur et l'autre vers l'extérieur, est très bien trouvée pour symboliser à la fois l'isolement et la liberté.

Un album épatant sur la force des rêves partagés, du moment qu'on accepte de ne pas les brider soi-même.

C'est un secret
Hyunjoo Park
La Palissade


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