Oublier Camille

Yanis est amoureux fou de Camille. Ils se connaissent depuis longtemps. Amitié qui a glissé vers d'autres sentiments plus forts et difficiles à apprivoiser à l'adolescence. Pour tout le monde, c'est clair, ils sont ensemble. Mais pour Yanis, ébloui, amoureux transi, exprimer ses sentiments et y associer les gestes qui vont avec, c'est au-dessus de ses forces. Ou plus exactement, ça le paralyse. Camille, elle, attend. Qu'il se décide. Elle part en voyage, lui écrit une longue lettre pleine d'un aveu difficile à supporter pour Yanis. Pourtant, il va finir par comprendre qu'il doit se laisser aller, faire venir à lui ce qu'il ressent. Et se déclarer.

Sa mère, qui vit seule avec lui, ne voit rien. Elle ne peut pas. Engluée dans le quotidien, elle ne voit pas la souffrance de son fils, la raison de ses notes qui chutent au lycée, son comportement devenu violent. Elle s'étonne à peine de son changement d'avis : il est prêt à la suivre en mutation à Nevers, prêt à abandonner ses potes et sa vie parisienne.
Oublier Camille. 

Pas de père pour parler. Mais un cousin, qu'il apprécie, qui arrive à point nommé, avec son rasoir de mec, et sa passion amateure du théâtre. Entre hommes. Sans trop se dévoiler, ils vont pourtant se dire l'essentiel. Pour Yanis, ces mots-là, cette fulgurance d'un texte dit et porté juste pour lui, ce sera le point de salut pour enfin renouer avec sa bien-aimée.

J'ai eu envie de lire ce roman pour avoir le point de vue du garçon sur l'amour. Et je n'ai pas été déçue. J'ai aimé cette pudeur mêlée à une grande fragilité, violente parfois, à l'économie des mots des hommes sur leurs sentiments. 
L'écriture de Gaël Aymon porte ce personnage à merveille : il ne le dévoile que peu à peu, comme une fleur qui finit par s'ouvrir sous un grand soleil. Je ne me suis pas inquiétée pour lui : je savais que Camille l'attendait. Avec cette sérénité, le lecteur est pris seulement par le tourbillon d'émotions contradictoires de ce jeune homme qui a finalement peur de lui, qui n'arrive pas à lâcher prise, qui se pose trop de questions et qui pourtant aime une fille à en crever, au point de l'éloigner.

C'est un roman touchant, sensible et juste à bien des égards pour une maman de deux grands ados qui ne me disent pas toujours tout sur leur vie, et c'est bien normal, mais dont je décrypte parfois la solitude face à ces changements qui arrivent dans leur vie d'homme. Et une certitude, impérieuse : personne ne fait le chemin à notre place...C'est ce que découvre Yanis : sauter dans le vide, attendre et saisir le fruit de son audace. Et enfin...VIVRE.



Ce roman compte pour le challenge Rentrée littéraire 2014 du blog Délivrer des livres


Retrouvez l'avis de Céline-Le tiroir à histoires
Oublier Camille
Gaël Aymon
Actes sud junior

Commentaires

  1. merci :) une belle lecture, comme je les aime...

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  2. Superbe et tellement d'accord ! :)

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  3. Beaucoup aimé le roman ... mais à travers tes mots, je le redécouvre. J'avais déjà perçu quelques uns des fils que tu tire lors de ma lecture. Cela m'avait touché.
    Mais tes mots, ceux d'une mère il semblerait ..., percent parfaitement à jour le personnage, et les adolescents comme moi, qui deviennent des hommes et doivent avoir cette audace de vivre. Ca m'a bouleversé ...

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    1. Et ton message, Nathan, me cueille à son tour...et me bouleverse aussi...Merci :)

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  4. A lire ton article, je me sis que je suis sûrement passée complétement à côté ; j'ai pas du tout accroché.

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    1. Chaque lecture est un mystere, chaque rencontre d'un livre et son lecteur aussi...

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