Au revoir...

Le hasard de mes lectures a fait émerger une thématique pas toujours facile à aborder : 
la perte d'un être cher.
Des livres de très, très grande qualité.

Trois livres, pour des tranches d'âge différentes, mais trois livres essentiels à mes yeux.


  • Au revoir maman de Rebecca Cobb, édité par les éditions Nord-Sud 

"Il y a quelque temps, nous avons dit au revoir à Maman.
Je ne sais pas très bien où elle est partie."

Un album qui m'a touchée au cœur dés sa première lecture tant il est juste dans ce qu'il exprime : un jeune garçon vient de perdre sa maman. Il ne comprend pas très bien au début. Il pense qu'elle va revenir. Ce n'est pas possible autrement. Puis , le papa lui dit ce qu'il en est. Il comprend alors. Il y a le chagrin, la culpabilité, la révolte, puis peu à peu l'acceptation de l'inévitable. J'ai rarement rencontré un album qui parle de la mort avec une telle justesse dans les émotions et le ressenti. Tout est dit, avec une économie de mots et des illustrations toutes douces. On sort de cet album bouleversé mais aussi convaincu qu'il porte les mots qu'il faut.


  • Ma mère est une sirène où les mots sont parfois comme les poissons, difficiles à pécher de Benoît Broyart, illustré par Laurent Richard, édité par Oskar jeunesse, coll. Trimestre 

Les habitués de ce blog savant combien je suis attachée à cette collection. Ce titre conforte une fois de plus mon attachement. Thomas n'a plus de maman et il ne sait pas pourquoi. Son papa, pêcheur taciturne, n'arrive pas à lui dire la vérité. Alors Thomas, comme tous les enfants qui ont la pré-science qu'on leur cache quelque chose, imagine sa propre vérité. Sa mère est une sirène. Voilà tout. Il décide d'aller accompagner son père à la pêche avec la ferme intention de rejoindre sa mère au fond de l'eau. Ce sera l'électrochoc pour son père. Il va comprendre que son fils a un besoin vital de connaitre la vérité saur sa naissance pour continuer à vivre. Un roman coup de poing, remarquablement mené, aux répétitions métaphoriques et des illustrations à vous couper le souffle, dans ce bleu profond comme les abysses. 


  • On ne parle pas de ça d'Eva Kavian, chez Oskar éditeur, coll. la vie 
Je ne m'attendais pas à une telle force dans ce roman. Il se situe plutôt pour un public jeunes adultes. Il relate le destin de quatre mères, qui toutes ont perdu une fille ou un fils dans des circonstances tragiques (accident de voiture, suicide, maladie,...). Il n'y a pas de mots pour un parent qui survit à son enfant. Eva Kavian donne la parole à ces rescapées de la vie, qui sont obligées de continuer alors qu'elles ne le veulent plus. Elles vont toutes se retrouver dans ce jardin blanc, dans la maison de Lisa, à cause de Mathilde sa fille. Elles ne parlent jamais de "ca", c'est la règle. Mais elles se soutiennent les unes les autres dans une communion de pensée et une avarice de gestes. La construction de ce roman en elle-même est éprouvante : l'auteure n'épargne rien des circonstances de la mort de leurs enfants. Une construction cinématographique avec ses retours en arrière, ses pauses, ses bonds en avant, qui disent l'indicible. On voudrait toujours que les malheurs n'arrivent jamais ou quand ils se produisent, avoir la faculté de revenir en arrière. Le dernier chapitre du roman, que je tairais bien sûr, ouvre sur une autre raison de vivre pour ces femmes et mères trahies par la vie. Une lecture bouleversante mais très humaine. Ce roman, que j'ai déjà terminé depuis plusieurs semaines, a longtemps hanté mes nuits, je l'avoue...Et décidément, j'apprécie vraiment cette auteure qui a le don d'aborder des thématiques difficiles avec intelligence et pragmatisme.

Au revoir maman
Rebecca Cobb
NordSud


Il compte (40/60) pour le challenge "Je lis aussi des albums" chez Hérisson


Ma mère est une sirène
Benoît Broyart et Laurent Richard
Oskar 
Trimestre

On ne parle pas de ça
Eva Kavian 
Oskar
La vie

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