Elle est où la ligne ?

...où l'on comprend que dans la vie, on traverse parfois des lignes sans le savoir.

Thomas prend le train seul à 10 ans. Il se rend chez sa grand-mère pour y passer ses vacances d'été. On apprend par la suite la raison : ses parents se séparent. L'occasion pour le jeune garçon de s'interroger sur ces lignes dans la vie franchies ou pas, c'est selon, et qui changent alors le cours de l'existence. Arrivé à la gare, rien ne se passe comme prévu. Grève. Une correspondance à attendre. Et là, la rencontre avec un SDF, qui dit se nommer Victor Hugo. Un sandwich au fromage partagé et les deux se lancent dans une conversation philosophique à la fois de haut vol et très réaliste sur ces lignes qu'on franchit dans la vie sans trop savoir pourquoi, sans trop savoir comment, sans trop s'en apercevoir. Est-il possible de revenir en arrière ? Ses parents vont-ils s'aimer à nouveau ? Victor va-t-il retrouver une vie décente ? 

Ce dialogue aussi franchit sa propre ligne : Thomas va au-delà de l'éducation donnée par ses parents (parler à un inconnu), découvre un monde qu'il ne connaissait pas, et donne à Victor, sans le savoir, l'idée et ensuite l'envie de s'en sortir. Ces deux-là ne se reverront pas mais ils ont partagé un moment leurs doutes, leurs angoisses, leur questionnement face à l'existence et à ces lignes réelles ou imaginaires.

Il y a aussi les illustrations en bichromie de Joëlle Jolivet qui rendent très bien cette atmosphère propre aux gares, lieux de transit, lieux de tous les possibles, lieux de toutes les directions. Des lignes là aussi.

Un roman dont il y aurait beaucoup à dire tant la charge d'émotions qu'il procure est forte. Tout y est dit mais aussi suggéré. Touchant et juste comme tous les textes de cette collection Trimestre.

Elle est où la ligne ?...
Davide Cali et Joëlle Jolivet
Oskar jeunesse
Collection Trimestre

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