Pas assez pour faire une femme

C'est un roman terminé depuis quelques jours déjà. 
Un roman qui m'a submergée. 
Un roman sur lequel j'ai du mal à mettre des mots.
Une résonance personnelle à fleur de peau.

C'est l'histoire d'une jeune femme et de sa métamorphose : dans les années 70, Judith devient étudiante en lettres et échappe avec soulagement au très pesant carcan familial. Dans un amphithéâtre, elle tombe amoureuse d'un jeune homme, Alain, rien que de le voir en action et de l'entendre parler. C'est un meneur. 68 n'est pas loin. Il défend avec d'autres étudiants leurs conditions de travail dans cette Université délabrée. Judith sent qu'il va lui ouvrir des portes insoupçonnées. Elle ne cherche même plus à comprendre pourquoi elle se retrouve dans son lit, chez lui, à l'aimer et à partager des idées nouvelles. C'est ainsi que le lecteur la découvre, dès les premières pages. Judith se déploie : physiquement, charnellement, sensuellement, elle écoute son corps et le découvre à travers et grâce à l'autre. Intellectuellement, sa soif avide de lectures politiques semble toujours inassouvie. Elle trouve écho à sa propre vie dans ses propres lectures. Elle va se découvrir autre et s'épanouir. Elle s'affranchit aussi de la terrible emprise de son père tyrannique, prend conscience avec réalisme de la soumission éperdue de sa mère et du sacrifice sous-entendu de sa grande sœur. Il faut qu'elle se sauve. Cela en devient une urgence vitale. Ces aspects-là du roman, avec leur lots de mauvais souvenirs qui s'y rattachent, atteignent une profondeur psychologique hors du commun. 

Tel un papillon, sa chrysalide s'ouvre et elle prend possession du monde. Une lenteur et une impatience à la fois. Le style d'écriture de Jeanne Benameur sert admirablement le désir intense de liberté qu'elle incarne. Dans son "je" se mêlent à la fois la jeune fille qu'elle quitte et la jeune femme qu'elle rencontre. Avec étonnement et lucidité. Ce roman illustre à merveille la célèbre phrase de Simone de Beauvoir : "On ne nait pas femme, on le devient". Comme une autre naissance, une re-naissance. Et je puis l'affirmer, dans une vie de femme, cela advient plus d'une fois..."Pas assez pour faire une femme", un chemin, un cheminement, une route escarpée et lumineuse, un roman si personnel pour moi que je ne peux que dire : Merci Mme Benameur !

Et comme en écho à ma lecture tout juste terminée, voici un dessin de ma fille réalisé le 12 septembre dernier : Tout est parti de l’œil gauche sur la page blanche...
Nous le dédions à toutes les femmes !
Visage de jeune fille en devenir ...©Méli-Mélo de livres
Pas assez pour faire une femme
Jeanne Benameur
Thierry Magnier


Ce roman compte pour le Challenge 1% rentrée littéraire du blog  
 

Commentaires

  1. C'est un livre que j'ai très très envie de lire ! Tout le monde semble l'avoir beaucoup aimé ! Le dessin de ta fille est très beau ! Bravo !

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